Je n’écoutais même pas les mots, j’entendais la rage sourde derrière ce souffle, cette façon qu’elle avait de mordre dans les paroles. Ça touchait une corde sensible, celle de la fille qui a envie de crier et qu’on entendait peu dans les speakers des bars grunge. Quelques mois plus tard, Alanis Morissette faisait un tabac avec Jagged Little Pill. J’ai usé son CD à force de l’écouter, elle déclenchait en moi le même genre de réaction viscérale.
Des femmes qui osaient exprimer une forme de colère dans leurs chansons, une insatisfaction, une rage, j’avais besoin d’en entendre. Ces filles me faisaient danser les yeux fermés en brandissant le poing. Au-delà des paroles, la force qu’elles dégageaient me transportait comme aucune toune de Nirvana ou Pearl Jam n’arrivait à le faire. Des voix féminines dans lesquelles je reconnaissais cette part de moi qui voulait parler fort, déranger, s’affirmer. Un désir d’avoir des modèles de femmes de ma génération qui n’avaient pas peur de bousculer les idées reçues, de sortir des sentiers battus, de prendre le lead, pas en se trémoussant, mais en criant. Moi aussi je voulais crier avec elles.
Ça fait déjà plus de vingt ans que Zombie prenait la tête des palmarès. Le triste décès de Dolores O’Riordan me rappelle l’importance pour les jeunes femmes en construction d’avoir des modèles de femmes fortes qui ne craignent pas de crier pour se faire entendre. C’était vrai il y a 20 ans, ce l’est encore plus que jamais aujourd’hui.
Quels ont été ou quels sont vos modèles de femmes fortes?