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​Moi, j’ai reçu la fessée, et j’en traîne les séquelles pour le reste de ma vie
Crédit: Peter Hershey/Unsplash

Depuis peu, le débat concernant le fait que la fessée est une bonne méthode ou non refait surface. C’est à se demander nous sommes en quelle année. Mais pour la petite histoire, on est en 2018.
 
Je vais vous raconter une autre histoire. Celle-là se passe entre le milieu des années 80 et le milieu des années 90, puis elle continue jusqu’à ce jour, soit le reste de ma vie. Quand j’étais plus jeune, les méthodes pour gérer des enfants, leurs crises, leurs comportements n’ étaient pas si avancées que ça. Ce n’était pas à la mode. Donc, pour corriger un enfant, c’était quand même accepté de les taper. J’ai eu des tapes sur les doigts, des tapes sur les fesses, des tapes en arrière de la tête, on m’a squeezé les bras, on m’a fait mal. On m’a plus souvent crié après que parlé normalement. Pis vous savez quoi? Ça n’a eu aucune incidence sur mon comportement. Je n’ai pas changé à cause de ça.
 
J’ai développé de la méfiance envers mes parents.
J’ai vécu de la violence.
J’ai développé de l’anxiété.
J’ai peur des hommes qui parlent fort.
J’ai arrêté d’aimer mon père.
J’ai espéré qu’il meure d’une maladie du cœur.
Je suis partie de chez mes parents à 18 ans.
Je ne fais pas confiance aux gens.
Je suis en choc post-traumatique de mon enfance.
J’ai beaucoup de peine que ma mère n’ait jamais rien dit sur la violence que j’ai vécue.
J’ai surtout la certitude que mis à part me casser et me donner des problèmes psychologiques, ce n’était pas efficace.
 
On calcule ça comment, quelle fessée est correcte? On calcule ça comment, si ça marche? On va fucker nos enfants pendant combien de temps? On va montrer à qui que la violence est une réponse concrète à un trop-plein?
 
Est-ce que mon enfant me pousse à bout? Ben oui. Ça arrive. On est même dans une période vraiment difficile en ce moment. Est-ce que deux secondes je voudrais lui faire vivre une once de ce que j’ai vécu dans ma jeunesse? Jamais de la vie. Je dois struggle avec le fait que j’ai de la difficulté à être ferme avec mon enfant, parce que j’ai peur de mettre mes limites, parce que JAMAIS DE LA VIE je ne voudrais faire vivre la peur de son parent à mon enfant. Mais vous savez quoi? J’ai des méthodes très douces qui fonctionnent vraiment et qui apprennent à mon enfant les limites. 

Je ne sais pas pendant combien d’heures dans ma vie je me suis demandé ce que j’ai fait pour mériter ça. Comment la conséquence des actes que j’ai commis (genre aller jouer dans un fossé) pouvait résulter en une série de 10 tapes sur les fesses. Pourquoi, quand je grignotais sur la table, on pouvait me frapper la main ou rentrer un couteau dans l’îlot. Pourquoi j’avais peur d’être chez moi, mais encore plus de partir, parce que si je n’étais pas là au moment de la crise, la conséquence était encore plus forte. Comment ça j’ai peur de faire une erreur parce que j’attends toujours une conséquence démesurée. 

Ne me dites pas que ça vous a fait plaisir de vous faire taper,ne me dites pas que ça vous a appris quelque chose. Ce que ça vous a appris, c’est qu’on peut menacer l’intégrité physique d’une personne parce qu’elle gosse. Parce qu’elle ne comprend pas les subtilités de la vie du haut de son enfance. Parce que votre limite à vous a été atteinte, pis que la personne ne la comprend pas. Et cette personne, parce que les enfants sont des personnes et des humains, devra traîner dans son sac à dos de vie la douleur et l’humiliation de s’être fait frapper par la personne en qui elle a le plus confiance et qu’elle aime le plus au monde. J’espère que vous ne braillerez pas quand vos enfants arrêteront de vous parler plus tard.
 
Et j’aime 100 fois mieux élever un humain en le respectant et en respectant son intégrité physique qu’en lui en sacrant une de temps en temps pour lui faire apprendre. 

P.-S. Malheureusement pour vous, il n’y a absolument aucun argument qui me fera changer d’idée. Jamais. 

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