Il y a toutes sortes de manières d’être de bons parents. Entrevue avec Takwa Souissi – Partie 2
Estelle gbIl y a quelque temps, je suis tombée sur un excellent article dans la Gazette des femmes qui s’intitulait « La parentalité est une femme blanche de classe moyenne ». L’auteure, Takwa Souissi, y discutait du manque de diversité dans tous les discours qui entourent la parentalité. J’ai eu envie d’en parler un peu plus avec elle…
Pour lire la première partie de l’entrevue, c’est par ici!
Crédit : Mlle Sana photography
Peux-tu me parler encore une fois des impacts du manque de diversité dans les discours sur la parentalité?
Pour les familles issues de la diversité, on peut avoir tendance à se ghettoïser, puisque l’on perd confiance envers les intervenant.e.s et les ressources censées nous accompagner. Parfois, on évite de révéler nos idées ou nos pratiques aux interventant.e.s sociaux, en santé ou en éducation, de peur d’être non seulement jugé.e.s, mais peut-être même dénoncé.e.s. On s’empêche de prendre parole, ou de se présenter tels qu’on est.
Et c’est difficile pour quelqu’un qui est « olive et érable » (immigrant.e de deuxième génération, ou de famille mixte), parce qu’on est plus québécois de culture, on se sent québécois de culture, on veut donc adopter les pratiques québécoises. Mais on ne peut pas nier non plus notre autre héritage, qui amène des idées et des valeurs différentes.
Crédit : Caroline Dostie
Je pense par exemple à la tradition, culturelle et religieuse, de la circoncision. Il y a très peu d’information là-dessus, et les jeunes parents craignent de poser des questions puisqu’ils savent que ce sera peut-être considéré comme de la mutilation. Pourtant, il s’agit d’une question culturelle complexe, et il faut être informé.e.s des bonnes pratiques. Il faudrait éviter de seulement culpabiliser les parents qui posent des questions, ceux-ci tentent tant bien que mal de faire leur chemin entre les différentes positions, de faire un choix éclairé. Ça prendrait des intervenant.e.s qui sont sensibilisé.e.s à ça, qui peuvent comprendre les enjeux culturels qui sont liés à ça.
Qu’est-ce qu’on pourrait faire, concrètement, pour diversifier l’image et les modèles de la parentalité au Québec ?
Il faudrait aller à la racine et faire des études scientifiques sur des groupes culturels diversifiés! Dans la vie de tous les jours, on peut tenter d’infiltrer les médias traditionnels, pour normaliser la diversité. Essayer d’utiliser d’autres images que celles de femmes blanches pour représenter la maternité : des femmes noires, handicapées, qui portent des signes religieux, etc. Normaliser les images des femmes diverses.
Crédit : Mlle Sana Photography
C’est d’ailleurs pour ça qu’on a fondé le blog Olive + Érable, c’est parce qu’il y avait un manque de diversité dans les blogues de mamans, et on adore les lire, mais ça manque, ce côté-là, la représentation d’une diversité des parentalités.