Être un adulte, c’est complexe. On est soumis à plusieurs stress : les factures, le travail, les placements financiers pour la retraite, les assurances, la maison, les relations amoureuses, la santé, name it! Notre esprit s’embrouille quelques fois. On fait de notre mieux. Les moments de relaxation sont bien appréciés. On éprouve une certaine satisfaction lorsqu’on met de l’ordre dans nos choses.
Lorsqu’on devient parent, c’est encore plus complexe. En plus de nos responsabilités d’adulte, nous affrontons de nouveaux stress en lien avec nos enfants : l’école ou la garderie, leur santé, leur développement, leurs besoins, leurs apprentissages. On veut encore une fois faire de notre mieux, alors on se met de la pression pour être de bons parents. On veut leur offrir tout. On apprécie encore plus les moments de relaxation, car ils se font plus rares. Cocher les cases de la To-do list, c’est satisfaisant. Ça nous rassure d’être en mesure d’accomplir nos tâches.
Dans tout ce brouhaha qui encombre notre esprit d’adulte, on perd notre vision de l’enfance. On efface tranquillement ce coquin joueur en nous que l’on remplace par un raisonnement d’adulte. Lorsque notre enfant nous demande de jouer avec lui, on peut ressentir un petit malaise au début dans son jeu. On ne sait plus trop comment faire. On a un peu oublié ce que c’est jouer. Juste jouer. Son cheval porte une cape de super héros en conduisant une voiture. L’ironie qu’un cheval a besoin d’une voiture pour se déplacer n’a pas frappé mon enfant, mais ça m’a bien fait rire. La poupée nue conduit une fusée spatiale, sans son casque d’astronaute en plus… pas très sécuritaire de voyager les fesses à l’air dans l’espace. Cette petite maladresse qu’on ressent dans son jeu, c’est l’univers des adultes qui l’apporte. On pense trop.
L’erreur qu’on fait souvent comme parent lorsqu’on veut jouer avec eux, c’est de vouloir prendre le contrôle du jeu. On le fait inconsciemment, car on ne sait même pas qu’on devient des tueurs d’imaginaire. Fiston a reçu un train électrique en cadeau. Une bébelle robuste pour survivre à un toddler, pas un de ces trains fragiles conçus pour les enfants plus vieux. En le voyant jouer en dehors des rails et explorer son train de toutes sortes de façon, j’ai eu le même réflexe que 90 % des parents : « Viens, je vais te montrer comment ça se joue. On le place sur les rails et on allume avec l’interrupteur ici. » Le train se met donc à tourner en rond. Fiston s’assoit et fixe le train. Le jeu est rendu assez plate. Involontairement, j’ai tué son jeu. J’ai donc sorti la pâte à modeler. Fiston a mélangé toutes les couleurs pour faire des monstres colorés. Ils sont magnifiques. J’embarque dans son jeu. Je le laisse prendre le contrôle du jeu.
La créativité et l’imaginaire des enfants n’ont pas de limite.
Il faut seulement éteindre notre raisonnement d’adulte et les laisser mélanger la pâte à modeler.
Il est là, le vrai plaisir de jouer.