Sa place préférée dans la maison, c’était sur le divan, la tête sur l’accoudoir, comme pour dégager ses narines. Je n’ai jamais su si c’était pour ça vraiment. Il aimait mettre sa tête plus haute que le reste de son corps.

Je l’ai rencontré il y a 8 ans et quelques. J’avais l’œil sur une personne que j’appelais « la plus belle personne de toute ma vie », et elle avait aussi assez l’œil sur moi pour me permettre d’avoir une date avec, puis mille autres ensuite. Quand on a commencé à sortir ensemble, je savais que notre couple comporterait un être vivant de plus, et qu’il ferait partie de notre petite gang. Sebou et moi, on a rapidement emménagé ensemble, alors Winston a rapidement fait partie de mon quotidien. Comme j’étais à l’école puis travailleur autonome, on a passé vraiment beaucoup de temps ensemble, lui et moi.

Un été, il faisait tellement chaud dans notre appart qu’on devait lui donner des bains pour le refroidir pendant la nuit. C’était ça le deal pour lui permettre un peu de confort. Il avait aussi des drôles de manières ; il était sensible aux différents bruits de la ville. Il jappait souvent out of nowhere. Il avait deux jappements distincts : wouhouhouhou qui nous avertissait d’un danger comme une voiture qui circule dans la rue, et WOUF WOUF WOUF de la façon la plus aiguë possible pour avoir quelque chose. À la fin de sa vie, il se positionnait à différents endroits stratégiques pour nous faire comprendre ce qu’il voulait : devant la salle de bain pour de l’eau, devant le frigo pour manger, devant la porte pour sortir. Il ne voulait plus aller marcher depuis au moins 4 ans, sa tactique pour nous le signifier était de s’écraser par terre sans bouger.

Il adorait la voiture, le petit Winston. Pour lui, le rêve, c’était dormir dans un char dans le Nord-du-Québec avec les fenêtres un peu ouvertes. Il adorait ça, l’air frais, le confort de dormir dehors. Il a jamais été capable de dormir ailleurs que dans notre lit.

Il a vraiment été plus souvent qu’autrement un peu dégueu. Il était odorant de la bouche parce qu’il a eu beaucoup de problèmes avec ses dents. Il faisait toujours des pets. Il bavait. Le dessous de son menton de chien était toujours un peu humide. Je sais plus combien d’otites il a faites. Il faisait pipi sur les trucs qu’on laissait traîner par terre. Il vomissait souvent. Genre vraiment. Il voulait manger son vomi. Il faisait vraiment des cacas intenses. Mais je n’ai jamais vu un chien aussi chill. Pis tous ces fluides-là, ce n’était rien comparativement à tout l’amour qu’il nous portait.

Winston est mort comme il a vécu, il a fait à sa tête. Il l’a fait devant moi, pas devant Sebou, et il est mort à la maison quand il a décidé que c’était trop, à notre retour de voyage. Il a pris le temps de nous coller, de dormir une dernière fois avec nous aussi. Il l'a fait quand Arthur n’était pas là parce qu’il était têtu, mais respectueux.

Une chose est certaine, il faisait partie de notre famille, et c’était un bon gros morceau. Il a permis de construire les balbutiements de notre vie familiale et il nous a construit comme une famille avant même d’y ajouter un petit humain. Si on disait souvent « esti Winston », on ne manquait jamais de lui dire « je t’aime mon beau Winston d’amour ». On a souvent dû expliquer notre choix d’avoir un chien aussi particulier, mais à sa rencontre, tout le monde comprenait comment il était incroyable.

On l’oubliera certainement jamais.