Ma famille est propriétaire d’une érablière de 11 000 entailles et j’adore le temps des sucres. Je n’ai pas moi-même baigné dans cet univers alors que j’étais enfant, puisqu’à l’époque mes parents la louaient à une tierce personne. Depuis une dizaine d’années par contre, nous l’exploitons en famille et mon conjoint s’est découvert une passion pour l’acériculture. Ma fille vient de vivre sa troisième saison des sucres et cela m’émeut de penser aux traditions qui s’installent et aux souvenirs d’enfance qui se créent.
Sa première année, elle avait huit mois. Je l’avais constamment en portage avec moi. Nous lui avions aussi installé son exerciseur dans un coin sécuritaire de la cabane et elle adorait les siestes en plein air.
Au cours de sa deuxième saison des sucres, elle avait 20 mois. Elle courait partout sans bien saisir le danger lié à la bouilleuse, c’était de la surveillance constante et donc beaucoup de temps à l’extérieur.
Crédit : Amélie Floriot
Crédit : Amélie Floriot
Pour cette troisième saison qui se termine, ma fille a un peu plus de 2 ans et demi. Elle raffole de l’eau et du sirop d’érable, adore accompagner son papa dans sa tournée des stations de pompage et venir jouer à la cabane est un grand bonheur.
Crédit : Amélie Floriot
Crédit : Amélie Floriot
Entendons-nous, faire les sucres n’est pas de tout repos pour ceux qui y travaillent! C’est une saison très intense qui s’étire sur quelques semaines et qui requiert une attention jour et nuit. Dans notre cas à nous, mon amoureux doit concilier le tout avec son horaire de pompier déjà exigeant, ce qui a pour résultat que ses journées de congé se font rares et que je me retrouve très souvent en soloparentale. Sans compter les nombreux allers-retours entre la ville et la campagne. Malgré cette fatigue, il s’y dégage une ambiance unique qui nous donne le goût de recommencer d’année en année.
D’abord, il y a le facteur météo. Le temps devient plus doux, la lumière est belle, les journées allongent, ce qui favorise de magnifiques promenades dans l’érablière. Nous enfilons les bottes de pluie et partons à la recherche des plus gros trous de bouette.
Il y a aussi le facteur lieu, le calme de la nature qui apaise instantanément. Une forêt entière qui offre des options infinies pour explorer, découvrir, apprendre, jouer, se ressourcer. Sans parler du charme rustique et traditionnel d’une cabane à sucre.
Puis, il y a le facteur des sens, avec les souvenirs olfactifs et gustatifs qui s’imprègnent intensément. Cette odeur délicieusement sucrée du sirop qui bout que nous pouvons sentir dès que nous franchissons la porte. Toutes les nuances de goût que nous pouvons découvrir en dégustant de l’eau d’érable, les différents grades de sirop ainsi que les sous-produits tels que la tire et le beurre.
Et par-dessus tout, il y a ces moments uniques qui cristallisent toutes ces parcelles de bonheur. Les retrouvailles après quelques jours d’absence, les concerts de musique sur les barils, les parties de cachette à travers les érables, les bisous et les câlins entre deux coulées de sirop.
J’aime vraiment le temps des sucres! Et vous?