5 h 15 : Mon alarme sonne.
Je m’assois dans mon lit. Je résiste à l’envie de me recoucher. Et là apparaissent dans mon esprit les deux premières questions avec lesquelles mon cerveau doit dealer quotidiennement : quel jour sommes-nous? Qu’est-ce que je dois faire aujourd’hui?
Après ma reconnexion avec la réalité, je descends à la cuisine pour me prépare un café et regarder l’immense agenda collé au frigo. Tout y est noté : rendez-vous, paiements, travaux à remettre. Mon conjoint est déjà là, il prépare son lunch. Je lui donne un coup de main, j’en profite pour faire le mien et celui de ma fille.
5 h 30 : On s’assoit tous les deux pour jaser de la journée à venir. Quand il part, j’écoute le silence de la maison. Je ferme les yeux et je relaxe. Je me promène sur Facebook, je joue à mes petits jeux. Ce sont mes quinze minutes d’égoïsme, indispensables à ma survie.
6 h : Le cirque commence. Dans la cuisine, je range la vaisselle lavée la veille. Je planifie le souper. Je me demande par quoi je peux remplacer la moutarde de Dijon. Je constate que je suis restée assise sur mon divan au lieu de faire mon yoga. Je me fais la promesse que demain, je prendrai le temps le faire. Je l’écris sur le calendrier du frigo. Il y a beaucoup d’entraînements avortés sur ce calendrier.
6 h 25 : Je tente de réveiller ma fille. Elle a de la difficulté, chose qui n’arrive jamais les samedis et dimanches. Elle me répond par des grognements tout en se cachant sous la couverture. Je sors mon habituelle rengaine « Tu as cinq minutes pour te lever et t’habiller. Je t’attends en bas pour le déjeuner ». Je fais mon lit, je range la pièce. Je zyeute le panier de linge sale qui menace de déborder. Je pars une brassée de lavage. Je regarde l’heure : j’ai le temps de me faire un deuxième café.
6 h 45 : Le « cinq minutes » accordé à ma fille étant plutôt un vingt, je la vois apparaître à la cuisine. Elle est réveillée et toute pimpante. Je dois interrompre quelques fois son babillage pour lui rappeler qu’elle part bientôt pour l’école. Je supervise la préparation de son déjeuner tout en mangeant une toast debout au comptoir. Je nourris le chien, je nourris les poules. J’arrose les plantes. Je me souviens qu’il fallait signer les évaluations de la semaine dernière, je m’exécute. Je me rappelle aussi que mon souper est dans le four, je le sors juste à temps. Je brosse les cheveux de ma fille, approuve son hygiène et sa tenue. Je vérifie qu’elle a tout dans son sac.
7 h 10 : Je range la cuisine. Je rentre le chien qui s’est encore roulé dans l’herbe mouillée. J’avais pris comme résolution la semaine dernière de le faire marcher après le départ de ma fille. Je ris de ma naïveté. Soudain, je me rends compte que mon enfant est installée devant la télévision, que son autobus passe dans quelques minutes. Je lui dis de s’habiller, je lui souhaite une belle journée. En la surveillant par la fenêtre, je remarque que quelque chose cloche. Sa boîte à lunch, elle l’a encore oubliée. Je lui cours après dans la rue, en pyjama. Je salue mon voisin au passage.
7 h 30 : Je prends ma douche. Je m’habille. Curieusement, je ne trouve pas que ma robe est flatteuse aujourd’hui, même si je l’ai portée la semaine dernière. Je regarde l’heure, pas le temps de me changer. Je me coiffe, je mets mon maquillage dans mon sac. Je sors le chien une dernière fois en faisant une tournée de la maison. Le four est éteint, la télévision aussi. Je pense que je peux partir.
8 h : Je pars pour le travail. Je me souviens de la brassée de lavage toujours dans la laveuse, elle attendra à ce soir. En barrant la porte, je remercie ma bonne étoile pour ce matin tranquille.
Après tout, ma fille ne m’a pas dit à 7 h qu’elle avait un devoir d’anglais à remettre aujourd’hui. Je n’ai pas brûlé le souper. Le chien n’a pas vomi son déjeuner. La poule exploratrice ne s’est pas sauvée. J’ai eu le temps de me faire un deuxième café et d’en boire la moitié.
Ce sera une belle journée.