Le jour où sa mère m’a demandé d’être sa marraine, mon cœur a bondi et j’ai pleuré de joie devant ce geste de confiance qu’elle me témoignait. Je m’en rappelle comme si c’était hier, comment les larmes me sont venues aux yeux, en plein milieu de leur cuisine. Mon amie d’enfance qui me faisait l’honneur de faire partie de la vie de ce petit être à venir! Je me voyais déjà le bercer, le câliner, aller faire des tours au parc, l’emmener au magasin de jouets ou au cinéma…
Comme je n’avais pas encore d’enfant, je me disais que ce serait lui que je gâterais. Et puis je suis tombée enceinte, moment de bonheur pour moi. On aurait la chance de partager nos moments de mères ensemble! Mon souhait de câliner et de jouer au parc serait doublement réalisé. Mais la vie étant ce qu’elle est, j’ai peu à peu perdu le fil de mes visites, ne le voyant que pour son anniversaire et les occasions spéciales… Et par le fait même j’ai peu à peu perdu ce lien qui m’unissait à sa mère… Lorsqu’il était petit, je me disais que je me rattraperais quand il serait plus vieux, que le tourbillon de nos vies respectives se calmerait un peu et nous permettrait d’insérer des visites plus assidues dans nos horaires de fou…
Aujourd’hui, je me rends compte que c’est tout le contraire qui se produit, et je me sens coupable. Coupable d’avoir failli à ma tâche et de ne pas savoir comment renverser cet état. Coupable de penser à lui par moment et de ne pas prendre 2 minutes pour prendre de ses nouvelles. Coupable de ne pas forcer nos quelques moments libres à se rencontrer… Je le vois grandir via les photos que sa mère publie sur les réseaux sociaux, mais j’aimerais qu’il en soit autrement. Et je ne me vois pas débarquer dans sa vie comme si de rien n’était, et m’imposer à lui…
Alors que fait-on pour rattraper tout ce temps perdu? Quel est exactement mon rôle de marraine? J’aimerais connaître le rôle qu’il veut que je joue dans sa vie… Comment dois-je m’y prendre? Toutes ces questions qui me trottent dans la tête et qui me font encore plus me sentir mal à l’aise vis-à-vis de lui.
J’aurais voulu qu’on soit amis, qu’il me considère comme une ressource vers qui se tourner quand quelque chose ne va pas. J’aurais voulu être présente à ses matchs de hockey, le voir évoluer et être fière de dire que je suis sa marraine. J’aurais voulu être quelqu’un dont il se remémore autrement que par le cadeau que je lui ai offert (ou pas!) à Noël ou à son anniversaire.
Alors que fait-on aujourd’hui pour changer tout cela? Pour qu’ensemble, on se réapprivoise? Mais surtout que fait-on pour que ces « j’aurais voulu » deviennent des « je suis »?