Mon bébé-MBA : retourner aux études avec un bébé, pas les doigts dans le nez!

« Vous devez vous adresser aux services à la vie étudiante, ils ont ce qu’il faut pour soutenir les étudiant.e.s en situation de handicap » m’a dit mon enseignant, que j’ai par la suite surnommé Prof Cro-Magnon, lorsque je lui ai dit que j’étais enceinte. Ça partait ben.
                                                          
En effet, j’avais eu la bonne idée de retourner aux études faire un MBA pour cadres tout en travaillant à temps plein, alors que j’avais déjà une enfant de trois ans, et là je suis tombée enceinte de façon imprévue. Ben coudonc. Et quand les gens me suggéraient de mettre le MBA sur pause, mon intérieur se rebellait, faisait une crise à terre et hurlait « Moi Capaaaaaaab’ ».
 
Bébé est arrivée un jour de cours, j’y reviendrai. Malgré mes efforts, elle ne voulait rien savoir de la bouteille. Mais fiou, tous les profs ont accepté que j’assiste aux cours à distance, les boules à l’air, dans le confort de mon salon. Tous? Non! Un irréductible Cro-Magnon a refusé! Il a aussi refusé que j’amène bébé en classe. Là, j’ai eu le soutien du comité de soutien aux parents étudiants (CSPE), qui a contacté la direction du programme. Bref, ç’a l’air que c’est dans notre droit d’amener un bébé en classe. Vive les chartes.
 
Alors j’ai amené bébé dans la classe de Cro-Magnon, bien plus préoccupée de swinguer la poussette que par la gestion des opérations… Et j’ai découvert qu’il n’y avait AUCUNE table à langer dans mon pavillon! J’ai changé ma bébé à terre! Alors que nous sommes de plus en plus nombreuses à retourner aux études, à se réorienter, alors qu’on valorise la formation continue, me semble qu’il y aura de plus en plus de parents étudiant.e.s qui voudront changer une couche, non?
 
Le service à la vie étudiante ne pouvait finalement rien pour moi. Mais le CSPE m’a prêté la clé du local pour mes fins de semaine de cours. Il y avait des jouets et une table à langer, une véritable oasis! J’ai aussi eu des aménagements pour faire mes examens dans un local à part. Mettons qu’encore là, j’ai battu des records de swinguage de poussette. Parfois, je faisais garder ma plus vieille et le papa venait à l’université s’occuper de bébé. Avec du duck tape, il fixait son téléphone à la poignée de la poussette, se mettait un film et les écouteurs dans les oreilles, faisait les quatre cents pas dans le pavillon de gestion sous les regards ahuris des étudiant.e.s. Il essayait de la faire tougher jusqu’à ma pause, mais des fois, il me textait URGENT et alors j’accourrais, laissant derrière moi une matière que je trouvais de moins en moins pertinente.
 
N’eût été des collègues et de mon réseau de support, je n’aurais jamais réussi à passer à travers. J’ai terminé avec un diplôme, mais la langue à terre. Ma conclusion, même si j’ai été capab’, c’est #PuJamais!