On court partout tout le temps : de gauche à droite, avec un tel avec l’autre, cours de ci, cours de ça…
Avec un horaire surchargé et mon nouveau bébé, quand c’est la sieste, mon premier réflexe est de relaxer ou en profiter pour régler les mille trucs à faire dans la maison. Je n’y arrive pas souvent, car je suis constamment sollicitée par ma fille de 8 ans qui a de la misère à jouer seule. C’est fâchant, j’aimerais qu’elle soit plus débrouillarde! Moi, à son âge, je brûlais des bibittes à patates avec une loupe, t’sais.
J’ai l’impression que contrairement à moi, elle ne sait pas comment apprécier ces moments de tranquilité. Elle cherche tout de suite à inviter une amie ou à jouer avec son père ou moi. Et, attention, si personne n’est disponible, elle boude et elle est frustrée contre la terre entière. « Ben là, qu’est-ce que je fais m’man? », dit-elle sur un ton d’ado. Et elle sera exécrable toute la journée… #NonMais
Shame on me, je n’ai pas toujours envie de la regarder faire sa routine improvisée en danse contemporaine pendant 25 minutes ou à jouer l’amie de la sirène dans la piscine (parce qu’on s’entend je ne peux JAMAIS être la sirène). J’adore ça, jouer avec elle, mais quand j’en ai trop sur les épaules, ce n’est pas ma priorité. Je me dis qu’à son âge, elle devrait être capable de jouer seule une heure ou deux, non?
Pour l’aider, je lui donne des idées d’activités, mais la plupart du temps, elle ne veut rien. Elle préfère combler ce vide avec des écrans. Bon, j’imagine que c’est sa façon à elle de relaxer, de ne pas « penser » et mettre la switch à off. Bien sûr, je limite son utilisation, mais à l’occasion, pour avoir mon break à moi, je lui permets plus de temps. J’achète la paix en quelque sorte.
Malgré moi, je suis sensible à cette pression qu’elle me transmet pour l’entertainer. Comme si mon titre officiel était Préposée au divertissement et que je travaillais 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Je suis de nature performante du genre « pourquoi remettre à demain ce que l’on pourrait faire aujourd’hui » alors je me sens obligée de l’organiser ou de jouer avec elle un moment, sinon je me sens envahie par la culpabilité.
Quand elle était plus jeune, je jouais toujours avec elle. En plus d’aimer ça, je me disais que c’était bon pour son développement de la stimuler et de ne pas la laisser là, à s’auto-divertir (de toute façon j’en n’étais pas capable, t’sais!)… Peut-être que j’ai merdé quelque part?
Selon Peter Gray, psychologue américain et professeur au Boston College :
« C’est en jouant librement que les enfants apprennent à résoudre leurs problèmes, à prendre en charge leur propre vie, à se faire des amis, à se familiariser avec la différence, à adopter le point de vue de l’autre, à faire preuve de créativité, à apprivoiser leurs peurs, à gérer leur colère et à explorer leurs aptitudes, leurs limites et leurs intérêts », énumère-t-il.
Le spécialiste est d’ailleurs convaincu que l’appauvrissement du jeu libre explique en partie l’augmentation de l’anxiété et du suicide chez les adolescent.e.s, le déclin de leur capacité empathique, l’exacerbation de leur narcissisme, de même que la multiplication des actes d’intimidation.
Je crois que laisser les enfants s’ennuyer de temps en temps semble être une bonne solution pour résoudre des problèmes plus complexes. Mettons ça en pratique maintenant! #YenAuraPasDeFacile