J’ai un secret honteux.
Genre, un truc que seul mon mari sait.
Et vous savez quoi? J’m’apprête à vous en parler en long, en large et en guenilles.
 
J’ai une boîte. Dans ma garde-robe.
Une boîte en carton, là, ben brune et un peu plus molle qu’elle ne l’a déjà été. Elle git par terre, entre mes chaussures les moins portées et une pile de travaux d’université que j’ai gardés plus par nostalgie que par nécessité.
 
Qu’y a-t-il dans cette boîte? 
 
Rien d’adult only, désolée de vous décevoir. C’est pas mal plus pragmatique que ça.
Elle contient mon linge mou. Celui qui ne mérite même pas d’être pendu ou plié parmi mes autres vêtements.
Mon linge de mom sur lequel la progéniture peut baver, régurgiter, vomir, splasher tous ses fluides sans que mon cœur ne pince même un tout petit peu.
Du linge dans lequel je peux confortablement me pencher à quatre pattes pour torcher mon plancher couvert de purée et de Lego égarés, jouer sur le tapis d’éveil ou faire des culbutes aux olympiques du 3-5 ans.
Du linge avec lequel je n’ose même pas sortir sauf si c’est en plein hiver et que j’ai mon gros manteau et mes grosses bottes qui cachent 90% de mon kit.
 Cette foutue boîte qui existe pour vrai
Crédit : Julie Marchiori
Le genre de vêtements mous que j’ai rarement eu avant d’être maman et dont personne ne vous parle avant que vous en ayez besoin. C’est facile, on l’accumule vite pendant les premiers mois du congé de maternité, parce qu’on se rend compte qu'il n'y a rien de vraiment glam à être maman à la maison et que le confort l’emporte sur toute-toute-toute. Un pantalon de yoga étiré, une cami jadis rose maintenant grise, un top sans forme avec 2 bras et c'est la seule chose qu'il a pour lui, le pauvre. Des morceaux qui passent au bat dans la laveuse au moins 5 fois par semaines : billet simple pour la guenille, embarquement immédiat!
 
Entre mes beaux pulls de cachemire et mes robe Kate Spade qui prennent le bord dès que je mets les pieds à la maison, je me glisse comme Superman dans sa cabine dans quelque chose de plus « approprié » à ma vie de famille. J’suis swell de 9 @ 5 et mon carrosse se change vite en citrouille le reste de ma soirée. Mon mari fait pareil, c’est pas une affaire de papa/maman, c’t’une affaire de parent. 
 
Ma fille me demande souvent pourquoi on est en pyjama. Je ne suis pas en pyjama. Je suis en mou. En ultra-mou. En méga mou. C’est l’uniforme de celle qui prépare le souper en faisant couler le bain, en faisant faire le rot, en faisant les lunchs, en changeant la couche qui déborde.
 
Quand vient le soir et que ça ronfle dans tous les coins de la maison, je remets le mou dans la fameuse boîte ou dans le bac à lavage s’il a besoin d’être décroûté des frasques de la soirée. J’enfile mes pidjs, plus jolis, moins informes, après tout, ma job de mom est pas mal finie.
 
Je self-care avec le coton blanc et doux de ma nuisette à citrons, je cherche le temps perdu dans quelque chose de long et satiné. Je m’enrobe de beau pour bien dormir, pour rêver aux beaux moments sans le facteur salissant.
 
Et je ne voudrais pas que ce soit autrement. Ça fait partie de qui je suis, cette boîte dans le fond de ma garde-robe, c’est moi qui met de côté mon égo pour être celle qu’il faut que je sois le temps où la famille à besoin que j'me soucis de bien d’autre chose que de ne pas me mettre les mains dans de sales draps.
 
Vous avez une de ces boîtes? Et dedans, y’a quoi?