Vendredi dernier, je recevais à la maison mon club de lecture, une dizaine d’ami.e.s et de passionné.e.s de littérature, réunis autour de deux livres dont nous souhaitions discuter. Pendant la journée, une copine m’avait écrit pour m’informer que sa fille de trois ans devrait l’accompagner. « Parfait! », que je me suis dit, « elle jouera avec ma grande ».
La soirée allait bon train. Quelques invité.e.s étaient arrivés, ça jasait fort dans la cuisine pendant que je popotais les derniers préparatifs du souper. Pendant ce temps, les deux fillettes jouaient dans le salon, elles semblaient cliquer à fond (c’était leur première rencontre). Mon fils, quant à lui, dormait paisiblement dans sa chambre, qui n’était pourtant pas du tout immunisée au bruit de ce joyeux chaos. C’était une belle soirée.
J’entendais les petites rire au loin quand j’ai décidé d’aller jeter un coup d’œil à leurs activités. J’arrivai et constatai que mon enfant s’en était donné à cœur joie dans le tiroir de bricolage : crayons de toutes sortes, étampes, collants, et surtout BRILLANTS et PAILLETTES multicolores s’étalaient un peu partout sur la table des enfants (et autour). Bah. Elles jouent (et nous sommes tranquilles). Je leur dis de ne pas exagérer, et qu’il faudra tout ramasser tantôt. « Oui oui, maman ».
Quelques minutes plus tard, une invitée revint du salon en disant : « J’ai entendu qu’il y avait un plan “colle” dans l’aile jeunesse du club ». Mon amie, la mère de la nouvelle copine de ma fille, me fit signe qu’elle s’en occupait, et se dirigea vers le salon. C’est à ce moment que j’entendis un grand cri d’incrédulité, suivi d’un immense éclat de rire. J’accourrai.
Je ne sais d’où sortait cette bouteille d’encre de Chine, on avait dû l’oublier au fond du tiroir à bricolage des années auparavant (avant même l’arrivée des enfants). Elle se trouvait à ce moment répandue au grand complet sur le mur, la fenêtre, la table, le plancher, les mains et les visages de nos deux coquines nationales. Ma fille, qui, en situation de stress, a tendance à amener ses mains à sa bouche, avait les dents toutes noires, et comme un maquillage de clown triste autour de la bouche. Sa copine avait les mains dégoulinantes d’encre et de brillants, et on pouvait suivre sa trace à mesure qu’elle se déplaçait vers la salle de bain. Mon amie, quant à elle, ne pouvait plus s’arrêter de rire. Je l’imitai, prise d’un fou rire qui contamina aussi les autres invité.e.s. Meilleure réaction à avoir face à ce qui se trouvait devant nous.
C’était un peu comme l’apocalypse, version dégât d’enfants. Les éclaboussures noires sur les murs blancs, les gouttes fines sur le divan, le liquide (que je croyais indélébile mais ne vous en faites pas, j’avais tort), épais comme du sang et plein de brillants, en train de se répandre dans les craques du plancher. Un véritable champ de bataille.
Tout le monde s’est activé. Les un.e.s épongeaient l’encre pendant que les autres frottaient les enfants. On aspergeait les murs de nettoyant, on récurait la table qu’on avait sortie sur le balcon, on partait une machine avec tout le linge sale, tout ça en continuant la préparation du souper et en discutant joyeusement de littérature. Reste qu’on ne pouvait pas rêver mieux, pour gérer un champ de bataille digne de l’Armageddon. Merci les ami.e.s!
Avez-vous des histoires de dégâts grandioses à nous raconter?