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#metoo : une année d’examen de conscience d’un gars
Crédit: Mihai Surdu/Unsplash

#metoo et ma mère

Au cours des mois qui ont tremblé avec le mouvement #metoo, je pensais à la voix de ma mère qui restait muette. Je connaissais son histoire morte et ses blessures, les origines cachées de sa rage. Aujourd’hui, je sais que plusieurs hommes sont responsables d’une douleur en elle, si forte qu’elle en a chaviré. Pourtant, ces hommes ont continué à vivre comme si tout allait bien. Il ont poursuivi leurs carrières, et ont joui de l’amour de toute notre famille, alors que ma mère devenait la sorcière de service. Tous ces hommes, ce qui inclut son propre père. Un homme respecté qui était toujours le bienvenu chez nous.

Je me rappelle d’un soir, pendant le temps des fêtes, dans Lanaudière. J’avais douze ans et je consolais ma mère en larmes jusqu’à minuit. Elle avait trop bu et elle ne parlait pas, en fixant le vide. Je lui ai demandé, du haut de mon petit corps naïf mais courageux, ce que je pouvais faire pour l’aider. Elle a dit que je ne pouvais rien faire. Cette réponse horrible m’a marqué.

#metoo aujourd’hui

Environ un an depuis l’onde de choc du mouvement, j’aimerais que le bilan soit bon. Le temps pose souvent le problème de la suffisance. Je voudrais être optimiste, je voudrais parfois que la question soit réglée. Mon égo voudrait savoir que je suis un homme meilleur, mais l’année qui vient de passer est une occasion, au contraire, d’apprendre à accueillir le doute. 

Il ne faut pas refuser l’introspection difficile. Je me rappelle cette sortie de Koriass qui se disait un natural born feminist. Pour moi, c’est insuffisant, voire impossible. Pour nous responsabiliser, on ne peut pas commencer par se dire solidaires à la naissance. Au contraire, je crois que nous ne naissons pas du tout féministes. Même si, après, nous grandissons entourés de femmes et que la chose nous apparait claire, en vieillissant nous nous mettons très souvent à reconduire des comportements problématiques et à en cautionner d’autres par notre silence et nos habitudes. 

Les témoignages de #metoo m’ont frappé dans le ventre, et j’ai surtout retenu qu’il faut accueillir les remises en question que ces prises de parole ont suscité. Non pas les craindre. Même si nous ne sommes pas des agresseurs ou des harceleurs machos stéréotypés, nous sommes tous concernés. Une ancienne prof de mon école secondaire a tracé cette ligne dans une discussion sur Facebook : pas tous coupables, mais tous responsables. Dans cet énoncé, je ne vois que du positif, et aucune attaque envers ma grande sensibilité masculine. Je vois une opportunité de prendre notre avenir en main. Une occasion de se désolidariser d’une culture pour en fabriquer une nouvelle. Mieux, et ensemble.

Depuis que je me permets d’admettre mes torts en me montrant vulnérable et que j’écoute ma blonde et mes enfants avec une attention différente, je trouve ma vie beaucoup plus compliquée, c’est vrai. Mais je la trouve aussi plus claire et plus honnête. Je la trouve chargée d’espoirs d’air à respirer pour tout le monde.

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