Je suis en garde partagée. Je suis supposée avoir 100% des tâches et responsabilités liées aux enfants la moitié du temps, et un break total l’autre moitié.
Ce qui fait que je m’ennuie d’elles à mort quand elles ne sont pas là et que je suis déjà tannée quand ça fait 15 minutes qu’on s’est retrouvées. C’est très intense, ce tout ou rien. Mais au moins, j’ai des moments off pour me ressourcer, hein?
Ben non. La charge mentale, cette chose merveilleuse dont on parle enfin, ne connaît pas de garde partagée. Ça m’a frappée lors du spectacle de ballet de ma grande. C’est le père qui l’amenait, le jour du spectacle, avec son costume et tout son attirail. C’était sa fin de semaine.
J’avais pensé à apporter un costume backup « au cas » où il oublierait ou n’aurait pas lu le papier, mais je me suis dit « voyons donc, ce n’est pas ta responsabilité. Lâche prise. » J’ai failli lui écrire de ne pas oublier le costume, mais encore là, ce n’etait pas mon rôle, ce n’est plus mon rôle de porter ces post-it sur mon babillard mental quand les enfants ne sont pas avec moi. Sauf que cette fois-là, il avait justement oublié le costume! Dans les coulisses et à la dernière minute, j’ai trouvé de quoi auprès des autres petites filles pour que ma grande n’ait pas l’air du vilain petit canard.
Au lieu d’être allégée, je me rends compte que ma charge mentale est décuplée. Parce que non seulement les post-it mentaux restent, mais en plus, je ne suis pas légitimée de les partager. Si nous étions encore en couple, j’aurais dit « hey, faut pas oublier le costume hein! » ou je l’aurais tout simplement mis moi-même dans le sac. Post-it réglé. Là, ça reste dans ma tête sans que je puisse m’en débarrasser. Inscriptions aux cours, formulaires, sorties, ma fille qui était la seule à ne pas être déguisée au cours de ballet, jour d’éducation physique ou de bibliothèque… Chaque fois, je me retiens à quatre mains pour ne pas écrire un courriel du genre « n’oublie pas, demain, il y a telle affaire… » J’attends encore ce « break total », que ma charge mentale se mette en garde partagée, qu’elle me quitte en même temps que les enfants quittent la maison et ne revienne qu’avec leur retour.