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Les fameuses questions de nos enfants auxquelles on ne sait pas toujours répondre
Crédit: Nicole Giordano/Pixabay

Curieuse et passionnée, ma fille a une opinion sur tout et une soif infinie de comprendre le monde. Elle a besoin de tout savoir, autant comment faire une sauce à spaghetti que pourquoi la condensation se forme dans la fenêtre. Elle nous sort régulièrement des théories sur sa compréhension des choses qui l’entourent. Des fois, c’est tiré par les cheveux ou un peu farfelu, mais souvent il y a une logique implacable dans son raisonnement.
 
J’ai souvent l’impression que je suis un « parent Google ». Depuis qu’elle est en âge d’aligner plus de trois mots, elle exprime son désir de connaissance à grands coups de questions. Au début, les réponses étaient faciles – je m’en serais tiré avec un A+ lors d’un examen. Avec le temps sont venues des questions plus poussées, sur des sujets scientifiques (d’où vient la pluie?), linguistiques (pourquoi le féminin de sévère n’est pas séverte?) ou sociales (pourquoi mon amie ne veut pas jouer avec moi aujourd’hui?).

 

crédit: Giphy 

J’imagine que le fait de grandir, de découvrir la vie avec des yeux d’enfant puis de préadolescente change sa perception des choses. On pourrait croire qu’elle nous pose moins de questions, à nous ses parents (quasi des ancêtres!) pour aller chercher ses réponses par elle-même et ailleurs. Pas du tout. Elle continue de nous lancer, de temps à autre, un de ces questionnements qui nous laisse parfois un goût de malaise à travers la gorge.
 
Parce que chaque parent qui lit ces lignes comprendra exactement où je veux en venir. Je m’étais promis que je serais une mère attentive, que je ne créerais pas de tabous et que je ne transmettrais pas de préjugés malsains. Je voulais guider mon enfant sur le chemin du respect et de l’ouverture d’esprit. Si elle ressentait le besoin de me parler de sexualité, de guerre, de choses horribles qu’elle ne comprend pas, je lui répondrai honnêtement, intelligemment. C’est beau, la volonté.  
 
En pratique, c’est une autre histoire.  
 
Il y a eu, bien sûr, le classique « D’où viennent les bébés? » auquel je croyais m’être préparée adéquatement. Ensuite, dans la même lignée, est venu « Comment le bébé sort-il du ventre de la maman? ». Pour celle-là, elle n’a pas semblé apprécier ma réponse pragmatiquement biologique. Alors que j’estimais avoir atteint le summum du malaise, nous avons eu droit épisodiquement à d’autres questions auxquelles on ne savait pas vraiment comment répondre sans tuer quelque chose dans son innocence.
 
L’automne 2015, alors qu’elle avait 8 ans, il y a eu cet attentat terrible à Paris. Le lendemain, nous avons dû répondre à ses questions sur la violence et le terrorisme. Elle en avait les larmes aux yeux, prenant soudainement conscience de ce que le monde pouvait avoir de laid. Mon cœur avait mal de lui expliquer ces choses. Mais Paris, c’est si loin, je lui ai dit qu’on n’avait rien à craindre ici. Jusqu’à l’attentat de Québec, cette ville qu’elle connaît, qu’elle a visitée.
 
 Il y a eu toutes ces interrogations autour de la mort. De notre mort, mais aussi de la sienne. Du fait qu’on ne sait jamais vraiment quand ça peut arriver.
 
Il y a eu ce matin de Noël, où un peu ébranlée par la conclusion de ses réflexions, elle m’a demandé sur un ton solennel : « Est-ce que le père Noël (qui vient lui porter un cadeau le 24 décembre depuis qu’elle a deux ans), c’est Louis-Philippe? » Et de rajouter devant mon air surpris « Je veux la vérité! »
 
Il y a quelques semaines, nous avons eu droit en plein souper familial à « C’est quoi la cocaïne? Qu’est-ce que ça fait si tu en prends? Avez-vous déjà pris de la drogue? »
 
Je ne peux pas fermer ma fille à ce qui se passe dans le monde, je ne peux pas non plus lui cacher la vérité. La vie n’est pas toujours un conte de fées. Mais, entre nous, répondre à ses questions comme je m’étais promis de le faire, de façon honnête, mais adaptée à son âge, c’est plus difficile que ce que j’avais escompté.
 
On m’a dit que je devrais être heureuse que notre fille nous fasse assez confiance pour se tourner vers nous quand elle cherche des réponses. Maintenant qu’elle a le pied sur la ligne qui sépare l’enfance de l’adolescence, j’espère que ce lien de confiance ne se brisera pas.  

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