Je suis une introvertie. Il y a tout un spectre de l’introversion qui s’observe par des comportements diversifiés selon chaque personne. Je pense toutefois que ce qu’ont en commun les membres de cette communauté informelle est le fait que nous avons besoin de recharger nos batteries seul.e.s.
J’ai toujours été fascinée par mon frère, le clown de la famille. Il a besoin d’être entouré de plusieurs personnes dans sa vie. Mais surtout, il tire son énergie de la présence des autres. Passer du temps en gang le rend heureux et ces interactions le portent sur plusieurs jours!
Qu’on me comprenne, je retire du plaisir à être en bonne compagnie et rencontrer des gens. Par le passé, il est souvent arrivé qu’au bout de trois mois, j’avais des appels de mes amies : « Hey, ça fait vraiment longtemps qu’on n’a pas fait une activité ensemble ». J’étais toujours surprise de ce commentaire parce nous allions à l’école ensemble. Nous nous voyions tous.les.jours.
Je sais, il y a pire que la vie d’une introvertie avec des extraverties, mais je ne connaissais pas ces concepts dans ma jeunesse et je me sentais toujours inadéquate ou anormale d’avoir autant besoin de passer du temps seule. Surtout que je viens d’une famille de quatre enfants, alors « passer du temps seule » était une réalité très éphémère à l’époque où j’habitais chez mes parents.
Des exemples d’activités agréables pour moi sont de rêvasser, faire des réflexions, opposer des idées, aller visiter un musée. Toute seule. La joie et le bien-être que je ressens, je ne vous dis pas. Mais c’est ça, je suis une bibitte spéciale pour mes amies sociables.
Le lien avec la maternité? Bien ça m’a pris de court. Parce que depuis presque six ans, je suis rarement seule.
À vrai dire, j’ai souvent été seule avec un bébé, mais complètement dans le care et parfois trop exténuée pour même être capable de lire l’heure correctement. « Il est moins 51. Euh, quoi? » Le cerveau fatigué fait des glitch bizarres.
Je voulais voir du monde mais, en même temps, ne voir personne. Ça m’exténuait et j’étais déjà à ramasser à la petite cuillère après chaque grossesse et dans les premières années de vie des enfants.
Avant d’être mère, mon introversion était plutôt simple à gérer : je travaillais, je passais du temps à la maison et je voyais des ami.e.s. Les fins de semaine se vivaient souvent dans la quiétude de la nature. Ressourcement assuré et les extravertis n’y voyaient que du feu!
Depuis que je suis maman, le quotidien plein de vie bouillonnante se calme vers 21h et reprend son horaire à 6h. Ça me laisse peu de temps pour mon couple, dormir et faire ce qui m’apporte le plus : m’habiter intérieurement, moi toute seule avec moi.
Je trouve ça plus difficile que je ne l’aurais cru. Avant d’avoir des enfants, je pensais avoir davantage d’espace pour moi, pour m’appartenir. Elles ont 5 et 3 ans, la situation est immensément plus enviable actuellement qu’au tout début de leurs vies.
Je croyais néanmoins pouvoir lire plus souvent dans un café du quartier que cette fois où mon aînée a reçu deux vaccins qui l’ont mise k.o. (pendant 50 minutes huhuhu) J’aurai au moins coché un objectif de mon congé de maternité sur cette longue liste de souhaits qui ne se sont pas vraiment réalisés. La maternité est une somme d’expériences semblables et différentes à la fois pour chaque personne.
Encore aujourd’hui, je suis intéressée à d’innombrables événements auxquels j’annule ma présence à la dernière minute parce que, cette journée-là, je n’ai pas réussi à recharger ma batterie pour être satisfaisante en société, à mes yeux. Pour atteindre des standards de sociabilité que j’aimerais projeter malgré la fatigue que j’accumule depuis des années et l’impossibilité de concilier mes besoins fondamentaux avec les nécessités de la vie familiale.
J’aimerais me défaire de ces attentes que je porte, j’aimerais pouvoir juste jaser plus souvent avec mon chum, j’aimerais avoir des soirées avec mes amies, j’aimerais me gâter davantage, j’aimerais habiter plus souvent une « chambre à moi ». Peu à peu, j’essaie d’apprendre à concilier tout cela, à accepter ma nature introvertie et à faire comprendre à ceux et celles qui m’entourent le besoin de me prioriser, un petit moment à la fois.
Êtes-vous aussi une maman introvertie?