Quand j’ai rencontré mon amoureux, je le savais que ça ne serait pas simple. Tellement qu’en fait, j’ai longtemps hésité avant d’accepter son invitation. Il avait des enfants et je n’étais pas certaine que j’avais envie de devenir une belle-mère. La famille recomposée ça peut être magnifique et idyllique, mais aussi franchement difficile.
Le malaise s’est installé tranquillement entre mon beau-fils et moi. Je ne saurais pas dire si c’est moi qui n’ai pas su bien m’y prendre ou si c’est lui qui n’a pas voulu m’accueillir dans sa famille. Probablement un peu des deux. Une chose me semble certaine : je ne peux pas avoir tout faux, les choses se passent plutôt bien avec sa sœur. Je crois qu’il y a une part toute simple de non-affinités naturelles dans notre échec de relation. Je ne suis clairement pas le type d’humain qu’il apprécie : je prends de la place, je parle beaucoup et j’ai des goûts assez différents des siens. Et surtout, à ses yeux, je suis une personne de plus qui monopolise l’attention de son père et ça, c’est sûrement mon plus grand défaut.
J’ai aussi l’impression qu’il n’a pas fait encore complètement le deuil de ses parents ensemble, même s’ils sont séparés depuis 5-6 ans maintenant (N.B. Ce n’est pas moi qui ai causé la séparation). « C’était mieux avant! » qu’il finit par hurler quand il y a de la chicane. Avant quoi? Avant que j’arrive? Avant que Papa et Maman se séparent? Avant, quand il était petit? On ne sait plus trop, mais je suis clairement l’agent du changement négatif, celui qui empêche le retour du mythique « avant ».
Alors du haut de sa crise d’adolescence difficile, il me rend la vie pénible. Je suis devenue l’adulte qu’il déteste. Il a l’air bête en permanence la semaine qu’il est à la maison. Il fait tout ce qu’il ne devrait pas faire et rien de ce qu’il devrait faire. Je ne peux pas donner les consignes personnellement et je dois passer par son père par les truchements des textos. « Peux-tu demander à ton fils de ramasser les assiettes sales dans sa chambre? » « N’oublie pas de lui rappeler d’étudier pour son examen d’anglais demain. »
Des fois, je finis par péter les plombs parce que l’atmosphère dans ma maison est lourde et que ça finit par être pénible d’être inconfortable chez soi 26 semaines par année. Mais cette colère-là m’est toujours reprochée. Il ne faudrait pas que je dise quelque chose.
Hier, on s’est chicané pour une niaiserie. J’avoue que j’étais déjà de mauvaise humeur à cause de nuits en dents de scie. Une étincelle m’a fait exploser. Et il a prononcé ces mots: « De toute façon c’est décidé, je m’en vais! » Je ne lui ai pas répondu, mais à l’intérieur de moi ça criait fort « Grand bien te fasse! » Pas que j’ai tant envie qu’il parte. Pas que j’ai envie de faire vivre ce choix déchirant à mon amoureux : ton fils ou ta blonde. Mais j’ai envie (et besoin) que le climat se rétablisse dans ma maison. J’ai besoin de retrouver du calme et de la douceur. J’ai besoin que mon chez-moi redevienne un refuge, que ça cesse d’être une zone de guerre froide quotidienne.
Bref, je sais que c’est pas beau, mais oui j’aimerais ça qu’il parte et soit à temps plein chez sa mère. Au moins pour un temps.