Je n’ai jamais vécu de fausse couche et je me trouve vraiment chanceuse pour ça. Pourtant, c’est le lot de souffrance de tellement de monde que je connais. Perdre un enfant qu’on désirait, c’est tragique et douloureux. Je me souviens encore de quand j’ai appris que j’allais avoir un enfant avec un stérilet dans mon corps et les pronostiques du médecin : on sait pas comment ça va se passer et tu peux perdre ton bébé n’importe quand. J’ai vécu ma grossesse avec l’idée que ce bébé-là, je ne pourrais peut-être jamais l’avoir et le voir vivant. Je comprends donc légèrement ce que c’est de vivre avec le deuil d’une grossesse qui ne se passe pas comme on pense.
La plupart des personnes qui font des fausses couches gardent en elles une grande souffrance, car elles doivent faire le deuil d’une situation qu’elle avait imaginée et qui n’arrivera pas. On fait le deuil d’un enfant à naître et d’une vie future. C’est très dur. Et c’est aussi grandement banalisé, parce que c’est malheureusement encore trop commun de perdre un enfant dans les trois premiers mois d’une grossesse. Car selon Enfant Québec : « de 10 à 20 % des grossesses se terminent par une fausse-couche et 80 % de ces dernières surviennent avant 12 semaines de grossesse ». Mais souvent, on pense que le fait que ce soit commun fait que tout le monde devrait vivre ça dans l’allégresse et dans l’accueil. C’est faux.
Avec l’ouverture de Marie-Eve Janvier en début de semaine, Marilou s’est ouverte sur sa propre expérience : « Bon dodo. Entendre parler de fausse-couche dans les derniers jours m’a fait réaliser à quel point je suis chanceuse. Pour en avoir fait une moi aussi, à tout près de trois mois de grossesse, je comprends le vide et l’isolation qui vient avec. J’étais en train de sortir mon premier livre de recettes et j’avais un peu honte. Je vivais ça pas mal seule, aucune idée pourquoi. C’est un peu tabou j’ai l’impression. Et pour vrai, ça m’aurait fait TELLLEMENT du bien de savoir qu’on est une méchante gang à se comprendre finalement et qu’il y a de l’espoir pour la suite (@marieevejanvier ). • La vie est douce comme d’la peau de bébé. »
Je trouve que son message est important, on doit arrêter d’avoir honte et pouvoir en parler avec des gens de confiance. Don’t get me wrong, c’est pas que je veux vous forcer à en parler si ça vous tente pas, c’est plutôt que c’est tellement important de se sentir soutenue suite à ce genre d’expérience. En normalisant le discours autour des fausses couches, j’espère qu’on pourra aider les gens qui vivent ce traumatisant évènement de façon plus adéquate.