J’ai une collègue qui écrivait il y a quelques mois qu’elle avait 35 ans et qu’elle était épuisée. J’ai plusieurs printemps de plus que la belle jeune femme qui a signé ce cri du coeur et je pourrais pourtant écrire à peu près la même chose. Avec quelques variations sur les mots et les raisons qui expliquent cet « épuisement » vu notre différence d’âge, mais il reste que le concept de base est assez semblable : je suis toujours fatiguée, ou presque. Que je me couche tôt ou tard, que je mange bien ou que j’engloutisse de la scrap, que je travaille à m’en donner mal à la tête ou que ce soit plus mollo, que mes grandes filles soient à l’école ou à la maison, que la liste des choses à faire soit longue comme le bras ou qu’elle tienne sur un post-it, je traîne toujours un fond de fatigue crasse qui teinte tout le reste de ma vie. Et j’en suis profondément exaspérée, parce que je ne sais pas comment faire pour m’en débarrasser.

J’ai essayé le yoga, la marche, les livres de développement personnel, le coloriage, les chandelles, la respiration consciente, les retraites créatives, les produits naturels, la vitamine B, C, D, la sauge et même les cristaux! Rien n’y fait. Je reste fatiguée. Mon chum s’implique dans les tâches du quotidien, mes deux filles (une ado et une presqu’adulte) sont autonomes et responsables, il est où le problème alors? Est-ce parce que j’ai l’impression d’avoir le cerveau qui roule toujours à 200 milles à l’heure pour penser à tout et à tous (hello charge mentale!), que je m’en fais trop tout le temps pour tout (mes enfants, ma famille, mes amies, la maison, le boulot, la société, la planète et ainsi de suite jusqu’à l’infini), que j’ai le désagréable sentiment d’avoir le poids du monde sur mes épaules? On serait fatiguée à moins remarquez…

Et si c’était simplement dû au fait que je fais trop souvent passer les besoins de tout un chacun avant les miens? Combien de fois ça m’est arrivée, quand les filles étaient petites, d’aller au centre d’achats pour m’acheter un truc et de me retrouver dans la section enfants aussitôt la porte du magasin franchie? Combien de fois j’ai cuisiné en fonction de leurs goûts plutôt que des miens, que j’ai fait une sortie pour leur faire plaisir à elles avant tout, ou que je me suis privée d’en faire une pour rester à leurs côtés? C’est le lot de la parentalité vous me direz. Mais est-on obligé de s’oublier pour rendre nos enfants heureux?

Ce qu’il y a d’agaçant avec cette manie, c’est que, sournoisement, elle s’installe dans les autres sphères de notre vie; les années filent et on se rend compte qu’on a pris la fâcheuse habitude de se faire passer en dernier. Et ça, à la longue, ça use. À force de négliger nos besoins, on arrive mal à recharger nos batteries; on devient lasse, on manque d’entrain, on est toujours fatiguée…

Tiens tiens! Aurais-je trouvé une réponse à ma question? Ce n’est sans doute pas si simple, mais ça mérite réflexion. Une chose est sûre en tous cas, n’attendons pas d’être au bout du rouleau pour prendre soin de nous, traitons-nous donc comme on le fait avec ceux qu’on aime! Mais pour ça, il faut s’aimer justement, une autre piste de réflexion à explorer…

Avez-vous l’impression d’être toujours fatigué.e? Comment vous l’expliquez?