Les petits froids qui s’installent dans un couple, pour un rien, et qu’on laisse se transformer en iceberg gigantesque, tellement qu’ils nous paralysent et nous empêchent de faire toute manœuvre pour tenter un rapprochement. Les petits vents glaciaux qui surviennent après un accrochage ou une mésentente, une mauvaise communication, une vacherie ou une bête négligence, qu’est-ce qu’ils font chier ceux-là, n’est-ce pas?

Parce qu’aussi niaiseux qu’ils soient, ils nous pourrissent la vie solide, hein! Et quand on prend un pas de recul, qu’on sort de notre corps et qu’on s’observe de loin, aux prises avec notre ego blessé qui nous empêche de passer par-dessus ce frette dû à ce centième bas sale en boule, ce verre cassé, cette visite imposée, cet anniversaire oublié, quand on se voit s’enfoncer dans cet inconfort glacial pour des broutilles, on se trouve ridicule. Et pourtant, on est incapable de faire autrement, parce qu’on se sent pas écoutée, pas respectée, pas appréciée à notre juste valeur à travers ces broutilles. Alors on plonge dans la froideur sans trop réfléchir, c’est instinctif, un réflexe de protection. Même si ça nous rend inconfortables, voire malheureuses. On regarde l’iceberg prendre place et on espère que notre bateau ne coulera pas avant que le temps arrange les choses, que la poussière retombe ou qu’on la balaie sous le tapis.

Mais comment éviter ces moments de congélation? Sûrement pas en se fermant comme une huître. En boudant non plus. Ni en faisant de l’évitement. Certainement pas en attendant que l’autre devine pourquoi on fait la gueule ou qu'il.elle fasse le premier pas. Comment s’y prendre alors pour ne pas avoir l’impression de se rendre, d’abdiquer encore une fois parce que même si ça part d’une niaiserie, ça nous tient à cœur, ce petit combat. Comment faire pour réchauffer le climat sans trop se piler sur l’orgueil? Sans se sentir poche ou perdante?

Je n’ai pas trouvé la recette magique, celle qui se transformerait en best-seller et me rendrait millionnaire. En fait, tout ce que j’ai à proposer pour éviter que votre couple se métamorphose en Titanic à cause d’un petit froid devenu glaçon géant, c’est tout simple, évident, gênant tellement c’est banal: parlez avant que ça dégénère! Pas accuser, pas crier, pas reprocher; expliquer! Pourquoi le bas en boule vous a irritée, pourquoi le verre brisé vous a fâchée, pourquoi la visite inattendue vous a autant dérangée, pourquoi la fête oubliée vous a fait pleurer. Le fameux « Parler au JE » des articles de psycho-pop lus chez le dentiste, ce n’est pas une théorie bidon, ça marche. En autant que l’autre écoute, évidemment, mais ça, c’est une autre histoire.

Le bout qui vous appartient, c’est de vous exprimer. Laissez la tempête passer, vous avez le droit d’être en criss, déçue, triste, révoltée. Puis, quand vous vous sentirez suffisamment apaisée, parlez. Dites-le, ce qui vous chicote, vous chagrine, vous enrage, vous insulte, vous bouleverse, avec les mots qui expliquent comment vous vous sentez et pourquoi. Et s’ils tombent dans l’oreille d’un.d'une sourd.e, vous aurez au moins la satisfaction d’avoir sorti ce qui vous étranglait la gorge.

Pour vous, pour votre paix d’esprit, votre énergie, votre amour propre, ne laissez pas les petits froids se transformer en vortex polaire et vous emporter loin sur la banquise. Aimez-vous assez pour parler.