Quand mon premier garçon avait seulement 5 mois, j’ai dû me faire opérer pour me faire enlever un ovaire et la trompe. L’opération ne s’est pas déroulée comme prévu et au lieu d’une petite intervention d’un jour par le nombril, j’ai été hospitalisée pendant 4 jours et j’ai une méga cicatrice comme bonus. À ce moment dans la vie de mon bébé, nous avions trouvé un rythme de croisière avec l’allaitement et c’était vraiment rendu facile. J’avais aussi la grande chance d’être capable de me tirer du lait afin de me donner des petites pauses et laisser papa donner des biberons. Bref, j’étais bien chanceuse.
Quand je me suis réveillée de cette opération de plusieurs heures, complètement déshydratée, j’ai demandé à l’infirmière de m’apporter mon tire-lait. Et dans un nuage flou de morphine, j’ai vite réalisé que les choses avaient changé. J’ai essayé et essayé et essayé de me tirer du lait sans succès. Je n’avais aucune réserve de lait maternel congelé, parce que hein, quand les choses vont bien, on ne pense pas vraiment à être prévoyant. Alors mon chum a commencé à donner du lait maternisé à mon garçon et ça s’est très bien passé.
À mon retour à la maison, j’ai eu beau essayer de remettre mon bébé au sein, c’était terminé. Et comme ça, sans que la décision ne vienne de moi ou de lui, notre aventure d’allaitement était finie. Je dois avouer que ça m’a fait un petit pincement au cœur (surtout quand je me retrouvais à laver des biberons à minuit). Mais bon, mon bébé était nourri et heureux et c’est tout ce qui compte.
Quand je suis tombée enceinte de mon deuxième, immédiatement je me suis dit que j’aimerais donc ça pouvoir l’allaiter plus longtemps, si possible bien sûr. Lorsqu’il est arrivé par surprise 12 semaines avant sa date prévue, j’ai vraiment douté que l’allaitement soit même une possibilité.
Mais comme je n’avais pas grand-chose à faire pendant qu’il était dans son petit incubateur humide, je me suis tiré du lait. Et par grande chance encore une fois, ma production s’est installée plutôt facilement. Alléluia. Pour avoir côtoyé tellement de mamans qui n’ont pas réussi dans l’unité néonatale, je me sentais hyper privilégiée d’avoir cette opportunité. J’ai d’ailleurs pu faire un don de plusieurs litres de lait à Héma-Québec.
Notre relation d’allaitement a été très difficile au début. Un des grands défis de mon mini était de boire et respirer en même temps (pas mal essentiel comme action!). Soudainement, j’avais trop de lait, et mon jet était trop fort. Pauvre chaton, il s’étouffait dès qu’il essayait de boire. Grâce aux bons conseils de ma merveilleuse conseillère en allaitement à Ste-Justine (Merci Marie-Ève!), les choses se sont placées et une fois de retour à la maison, la routine s’est installée.
Nous voilà donc près d’un an plus tard et mon garçon commence la garderie cette semaine. Je dois maintenant prendre une médication pour conserver mon lait et la vue seulement de mon tire-lait me donne des maux de cœur. Je sens que notre aventure tire à sa fin, mais je me sens tellement conflictuelle par rapport à cette décision. Je sais que plusieurs mamans prolongent l’allaitement alors que d’autres y mettent fin. Je me sens un peu prise entre les deux. Entre mon corps et ma tête. Entre mes seins et mon cœur.
Ce que je réalise surtout, c’est qu’en perdant mon lait subitement avec mon plus vieux, je n’ai jamais eu à me poser ces questions. Et que d’une certaine façon, ça m’a simplifié la vie.
Comment avez-vous vécu la fin de votre allaitement?