Quand on a lu la nouvelle dans La Presse, on n’était pas trop certaines d’être en 2019. New York est pourtant une ville aux idées progressistes, mais dans la pratique, certains principes se perdent en cours de route…

C’est le quartier huppé de l’Upper West Side qui se trouve sous la loupe dans cette controverse. On apprend, avec assez de stupéfaction, que les écoles publiques de New York font partie des pires en ce qui a trait à la ségrégation raciale, aux États-Unis… Ouain. Cette réalité s’explique par un système de sélection à 2 vitesses qui priorise les enfants les plus favorisés pour accéder aux programmes pour élèves doués au primaire ou aux écoles sélectives au niveau intermédiaire (10 à 14 ans) et secondaire (15 à 18 ans). Pour accéder à ce genre de programme, les élèves doivent passer un test et avoir une note de 97% (voyons!) ou plus.

Évidemment, les familles plus favorisées ont accès à une panoplie de ressources pour les aider : tuteurs, cours privés, etc., ce qui est très correct. Mais ce qui n’est pas la réalité de tous. Alors que les Afro-Américains ou les Latino-Américains représentent 65% de tous les enfants inscrits à la maternelle, seulement 18% ont une place dans un des programmes « avancés ». La situation n’est pas meilleure au secondaire quand on sait par exemple qu’une école, la Stuyvesant High School, n’a offert que 7 places à des enfants afro-américains sur un total de 895.

La controverse s’est créée alors qu’un plan va vraisemblablement être mis en place pour lutter contre le phénomène de favoritisme entraînant une forme de ségrégation raciale dès l’école primaire. Le plan prévoit placer un seuil minimum de places (25%) offertes à des enfants aux résultats moins hauts dans les écoles les plus sélectives; cette décision a outré plusieurs parents et citoyens alors qu'elle ne vise qu'à aider un tant soit peu les élèves qui sont moins favorisés au départ. Aux diverses protestations, un directeur d’école a simplement répondu « Il y a des enfants qui sont énormément désavantagés. Et cela me heurte énormément qu’on puisse comparer ces enfants et dire : “Mon enfant qui est déjà avantagé a besoin de l’être encore davantage, il doit être tenu à l’écart de ces enfants.” »

L’autre problématique, c’est que les écoles sont dans le système public, certes, mais elles reçoivent aussi des dons de parents qui sont utilisés pour financer des activités parascolaires… Les parents peuvent donc améliorer leurs propres écoles en transformant le réseau public en une forme de réseau privé. Cela fait juste accroître davantage les différences entre les écoles et les opportunités des enfants.

On ne comprend pas trop comment ça peut être si compliqué d’imaginer qu’on souhaite offrir de meilleures chances à des enfants qui ne possèdent pas les mêmes ressources que d’autres. La question n’est pas de diminuer les chances de certains enfants ou de critiquer le fait que certains parents offrent du tutorat à leur progéniture, mais plutôt de rétablir l’équilibre entre ceux pour qui les conditions sociales et monétaires sont déjà plus faciles et ceux pour qui elles le sont moins.

Pas si compliqué que ça.