Lorsqu’on devient maman, on devient également la proie de commentaires négatifs sur à peu près tous les aspects de notre rôle de mère, on devient la cible de jugements de parfaits inconnus et, parfois, de notre belle-mère. Ce qui est le plus blessant, c’est lorsque ces commentaires proviennent de gens qu’on aime, comme notre propre mère, ou encore nos amies.

Aujourd’hui, j’ai eu envie d’écrire une lettre; une lettre à mon amie qui n’a pas d’enfants. Appelons-la Judith. Je ne sais pas pour vous, mais j’en ai plusieurs des Judith dans ma vie. Elle se présente sous plusieurs formes, cette amie qui n’a pas d’enfants, celle qui n’en veut pas, celle qui en veut, mais VRAIIIIIIIIIIIMENT pas maintenant, celle qui en veut depuis trop longtemps, mais qui ne peut pas.

À mon amie qui n’a pas d’enfants, je t’aime, mais parfois tu me fais mal.

Lorsque tu me dis que j’ai l’air fatigué, sache que je le sais; je les vois ces cernes se creuser sous mes yeux. Je me vois tous les jours dans le miroir que j’essaye tant bien que mal d’éviter du regard. Je le vois, mon teint blafard presque cadavérique. Je n’ai pas seulement l’air fatigué, je suis fatiguée. Chaque parcelle de mon corps est fatiguée. S'il te plaît, la prochaine fois, peux-tu me dire que je fais bien ça, que j’ai l’air épanouie ou que tu aimes ma nouvelle coupe de cheveux?

 

À mon amie qui n’a pas d’enfants, ma Judith, lorsque tu critiques l’état de ma maison, sache qu'avant ton arrivée j’ai eu le choix entre prendre ma douche pour masquer l’odeur de vomi de cette nuit (ou c’était il y a 2 jours!?) ou faire le ménage. Afin d’épargner ton nez, j’ai choisi l’option numéro un.

À mon amie qui n’a pas d’enfants et qui me dit que j’ai changé. Je n’ai pas changé, ma vie a changé: je suis plus fatiguée, j’ai plus de tâches ,je suis plus occupée, moins pomponnée, mais je suis toujours la même. Je ne rentre plus à 3h du matin à la sortie des bars, car à 4h15, j’ai un poussin prêt à jouer aux autos. Mais j’apprécie toujours ta compagnie et nos soirées .

À ma Judith qui se permet de me dire qu'elle ne fera pas « ça » avec ses enfants.

Laisse-moi te dire que, moi aussi, je m’étais dit que je ne ferais pas « ça ». Mais avoir un bébé, c’est différent que ce qui est écrit dans les livres. Le manque de sommeil, le manque de vie sociale et les difficultés quotidiennes font en sorte qu’au final, tous les plans qu’on s’était faits sont différents.

À ma Judith spontanée qui me dit qu’elle n’instaurera pas de routine à son enfant pour ne pas être prisonnière comme moi. Je te le souhaite. Sache, Judith, qu’une routine est bénéfique à ton bébé autant pour son développement que pour son sommeil. Et que pour certains bébés, la routine est ce qui permet aux parents de garder le phare. La petite routine que j’ai instaurée m’a permis d’obtenir des douches quotidiennes. Savais-tu ça toi, Judith, que les douches sont un luxe avec des enfants?

À ma Judith épicurienne, lorsque tu viens me visiter après mon accouchement, s'il te plait, ne t’attend pas à ce que j’ais préparé un souper 4 services. Si tu veux m’aider un peu, apporte des tacos. On mangera à la bonne franquette.

À ma Judith indépendante, s'il te plaît, n’attend pas que je demande ton aide, offre-la.

À ma Judith susceptible, ne le prend pas mal si je prends moins de tes nouvelles. Je ne t’aime pas moins, je ne t’ai pas oubliée, j’ai seulement beaucoup de choses dans mon panier.  Mais je m’ennuie de toi et tes visites me font toujours le plus grand bien.

Mon amie, mes amies, je vous aime et merci de faire partie de ma vie.

Avez-vous une Judith dans votre vie? Elle est comment?