J’ai d’abord vu ça sur mon mur Facebook, pis j’ai pensé à une joke. De mauvais goût, je l’accorde, mais je ne croyais pas que c’était vrai. Ensuite, en regardant les actualités, j’ai constaté que c’était bien réel.
Michel Lemay, maire de la municipalité de Saint-Barnabé, a tenu lors de sa dernière assemblée municipale des propos déplacés et misogynes. En réponse à des élues en désaccord avec une décision portant sur un contrat de déneigement, il aurait dit qu’une femme ne peut pas prendre de décisions éclairées lorsqu’elle est menstruée.
Bien oui, juste ça!
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Le pire, c’est que lorsqu’on y réfléchit bien, on a tous connu un (ou plusieurs….) mononcle-frère-père-ami-patron qui aurait pu tenir le même genre de propos dégueulasses. Pour ce cher monsieur, et toutes les autres personnes remplies de préjugés malsains et/ou de masculinité toxique, je me suis amusée à faire ce petit calcul.
Dans une année, qui totalise 13 cycles menstruels, une femme devrait avoir ses règles durant plus ou moins 52 jours… ce qui équivaut à 14% de son année passée « dans sa période ». Et là, je me base seulement sur un cycle moyen. Pour certaines, c’est davantage, pour d’autres, moins.
Enfin, une femme sera fertile, et donc menstruée, durant plus ou moins 37 ans de sa vie professionnelle et/ou active. Et ce excluant les périodes englobant la grossesse et la ménopause. Mais, entre nous, je ne veux pas connaître la pensée d’un homme comme Monsieur Lemay sur ces périodes sensibles de la vie d’une femme.
14% de notre temps, ce n’est pas banal.
Et pourtant, les femmes travaillent tous les jours… même durant leur règle.
De plus en plus, elles occupent des postes importants… même durant leur règle.
Elles vont à l’école, font des études supérieures… même durant leur règle.
Elles s’occupent de leur maison, de leur famille, elles gèrent leur charge mentale… même durant leur règle!
Si je réfléchis bien, probablement qu’une partie des décisions importantes de ma vie, je les ai prises alors que mon utérus saignait. Peut-être que j’ai signé l’achat de ma maison dans « ma semaine », ou encore accepté d’épouser mon copain des 10 dernières années. Le hic, c’est que je ne m’en souviens plus, parce que c’est naturel, c’est banal.
Nous vivons dans une société où les femmes prennent de plus en plus leur place. Et pourtant, on lit dans les nouvelles des inepties du genre. Proférées par des hommes probablement capables de regarder des scènes d’une violence inouïe à la télévision, mais incapables d’envisager l’existence d’un saignement menstruel. Ça nous rappelle que l’inégalité entre les sexes est toujours là, que le combat est loin d’être terminé. Ça nous rappelle qu’il y a un sérieux brassage à faire dans l’éducation de nos garçons.
J’ai également lu que ce monsieur a fait des excuses publiques pour les propos qu’il avait tenus envers les femmes. Pour moi, c’est trop peu et surtout, c’est trop tard. C’est bien beau de dire aux médias qu’il est désolé, encore faudrait-il qu’il le soit vraiment en privé, lorsque son boys club tiendra des propos salaces et déplacés.
Pis avant de vous excuser à la terre entière, Monsieur Lemay, j’espère que vous avez d’abord demandé pardon à votre femme, votre mère, votre sœur, votre fille et votre nièce. Vous excuser de penser qu’elles sont ignorantes et incapables, 14% de leur temps.