Imaginez vomir une dizaine de fois par jour tout ce que vous mangez ou buvez. Imaginez être malade dans la voiture, dans les toilettes du Walmart, sur le bord de l’autoroute, chez vos amis et dans la cuisine de l’unité de vie où vous travaillez. Ajoutez à cela des nausées qui persistent 24 heures avec des maux de coeur qui vous réveillent la nuit et rendent votre sommeil inconfortable. Finalement, pour couronner le tout, ajoutez à ça de la fatigue extrême, voire de l’épuisement, et un sentiment dépressif. Ça, ça résume le début de ma deuxième grossesse.
C’est le moment de ma vie où je me suis sentie le plus faible et probablement le plus épuisée. Pour moi qui adore avoir une to-do list et qui a de la difficulté à rester assise deux minutes, tout était devenu une corvée : prendre une douche, préparer le repas, donner le bain du petit, partir une brassée de serviettes, aller à l’épicerie. Tout ça était une montagne de choses qui me semblaient impossibles à accomplir.
Ce profond malaise que j’ai ressenti pendant les 13 premières semaines de ma deuxième grossesse m’avait enlevé cette fébrilité et cette excitation de porter ce petit être tant attendu.
Enceinte de mon premier, j’ai été malade pendant 41 semaines et même pendant l’accouchement, mon corps se courbait pour vomir. Lorsque mon beau garçon est arrivé, j’ai rapidement oublié tous ces maux et mon corps a instantanément cessé d’être malade. Quand tout a recommencé 15 mois plus tard, je me suis dit que ce serait la dernière fois que je serais enceinte. Hors de question que je revive ça une troisième fois.
Nous voulions 3 enfants, mais au fil des semaines, je me sentais tellement mal dans ma tête et dans mon corps que j’ai commencé à faire mon deuil d’une famille à 5. C’était clair que jamais je ne revivrais tous ces malaises encore une fois et donc, j’allais avoir une belle famille avec 2 enfants. Même si j’avais été malade au premier, cette grossesse-ci n’était pas pareille; j’étais mal dans mon corps, mal dans ma tête, les odeurs me donnaient des hauts le coeur, j’avais faim, mais j’avais le goût de rien, j’étais brûlée, exténuée, à boutte, perdue.
Je n’arrivais pas à expliquer à mon conjoint à quel point j’étais mal. Comment dire à celui qu’on aime et avec qui on a passé 15 mois à faire des traitements de fertilité que si on perd ce bébé – comme on avait perdu le tout premier – il n’y en aura pas d’autre?
C’était à ce point… Comment dire à l’homme qui m’avait supportée pendant les traitements de procréation assistée et qui souhaitait tant ce deuxième enfant que je n’arrivais plus à me souvenir des raisons qui m’avaient poussée à agrandir la famille?
Mon premier trimestre a été long et pénible et moi, je me sentais incomprise et seule. C’est lors d’un rendez-vous de routine chez le médecin que j’ai compris que tout ça était hors de mon contrôle. En fait, j’étais une des rares femmes à faire de l’hyperémèse gravidique, une forme sévère de nausées et de vomissements au début de la grossesse. Soudainement, je me suis reconnue dans les textes que j’ai lus à ce sujet et je me suis sentie un peu plus normale. Je me suis ressaisie et je me suis rattachée au fait que ça allait passer un moment donné.
Bon, pour être honnête je n’arrive toujours pas à comprendre les femmes qui se sentent comblées, biens dans leur peau et belles dans leurs corps de femmes enceintes puisque je n’ai pas eu le plaisir de me sentir ainsi. Cependant, à partir de mon échographie de 13 semaines, quand j’ai vu 2 petits êtres bouger dans mon utérus, tout a changé et j’ai soudainement oublié tous mes symptômes. Je me suis souvenu de mon désir d’avoir un autre enfant et j’ai recommencé à voir le positif dans cette grossesse.
Quelques semaines plus tard, les vomissements ont cessé, les nausées ont diminué et je suis redevenue une femme active aux mille projets. Cette phase-là aura été confrontante, difficile et incompréhensible par moments, mais au bout de 37 semaines, tout ça était loin derrière moi et j’étais une maman comblée et heureuse. J’ai finalement eu ma belle grande famille de trois enfants, et ce, sans avoir eu à vivre une autre grossesse. Merci la vie!
Comment s’est passée votre grossesse?