Depuis que tes yeux se sont posés sur sa frimousse, ses lèvres minuscules, son tout petit nez, sa peau si douce, tu t’es dit qu’il était le miracle de ta vie. Tu l’as porté avec amour, tu l’as fait naître dans la souffrance, tu l’as nourri, d’abord au sein parce que le lait maternel c’est vraiment l’idéal, puis au biberon parce que l’allaitement c’est finalement beaucoup plus compliqué que ça en a l’air…
Tu l’as baigné, habillé, choyé, photographié, admiré, vanté. Tu t’angoisses sans cesse pour sa santé, tu n’aspires qu’à son bonheur. Tu organises ton emploi du temps pour aller le chercher plus tôt à l’école parce que, parfois, ça ne se passe pas hyper bien. Tu te plies en 4 pour que sa fête d’anniversaire soit féerique, sur le thème de son dessin animé préféré…
Et là, ta petite merveille, que tu n’as pas laissé ce soir fermer la portière de la voiture parce que tu avais peur qu’il se coince les doigts, la chair de te chair, elle vient de te faire vivre ce que tu redoutais le plus au monde. Ton fils a hurlé, pleuré, bavé, jeté, tapé, il s’est couché par terre et a refusé de bouger. L’amour de ta vie s’est transformé en Chucky…
Toi qui es mère, tu la connais cette crise ignoble, n’est-ce-pas? Celle qui, évidemment, a lieu en public quand tu tentes de faire un achat rapide dans un magasin et qui transforme ta sortie en épreuve olympique.
La cohérence cardiaque, les cours de yoga et la méditation t’ont permis de ne pas craquer. Tu as presque réussi à ignorer les regards méprisants de celles qui n’ont sûrement pas d’enfant ou qui ont subitement été victimes d’un genre Alzheimer momentané. Tu aurais pu prendre dans tes bras celles qui t’ont adressé, de loin, un sourire réconfortant.
Mais une fois dans la voiture, après t’être excusée à la caissière pour ces longues minutes d’enfer que ton enfant a fait vivre à quelques personnes, tu as craqué…
La fameuse portière – origine du drame – refermée, ton enfant trempé de larmes et de bave enfin calmé, tu as pleuré. Tu t’es dit que tu étais vraiment nulle, que ton gosse était mal élevé, que tu n’aurais pas dû tant lui céder ni tant le surprotéger.
C’est ce moment qu’à choisi ce petit être imprévisible, la morve au nez, pour t’observer l’air inquiet et te lâcher d’une voix si douce, si innocente, un « pardon, maman ». Tu ne sais pas lequel de vous deux était le plus submergé d’émotions…
Nous sommes finalement ni plus ni moins que de grands enfants qui essayons d’apprendre la vie à de plus petits que nous. Nos failles, nos faiblesses et nos limites font face à leur besoin d’affirmer leur identité, leur indépendance.
Tu le sais, tu l’as lu, relu, encore et encore. Tu t’y étais plus ou moins préparée. Mais, mince, que c’est dur !
Aujourd’hui, tu as vécu LA colère du siècle, mais ce soir, quand tu regardes ton enfant si calme, emmitouflé dans sa robe de chambre, tu oublies la violence de cet épisode.
C’est à cet instant précis, une fois la tension retombée et l’apaisement retrouvé, que tu comprends que l’amnésie est sans doute le plus puissant symptôme de la maladie d’amour…
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