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Hospitalisée d’urgence à seulement 3 semaines de vie [PARTIE 1]
Crédit: Unsplash

21 janvier 2019: C’est le matin, un lundi matin comme les autres. Ma fille de trois semaines se réveille et on débute la journée : petit-déjeuner en famille, routine pour préparer fiston à sa journée de garderie et ils nous quittent finalement, laissant la maison vide et calme pour qu’on passe une nouvelle journée tranquille à se lover, ma petite poulette et moi.

Elle est très calme et dort beaucoup ce matin-là. Il faut dire que depuis quelques jours, elle était légèrement enrhumée. Son frère, qui affrontait son premier hiver de garderie, ramenait inévitablement de nouveaux virus chaque jour à son retour de la garderie.

Elle dort sur ma poitrine, se réveille sporadiquement pour téter un peu, mais elle ne semble pas réellement affamée. Habituellement, elle est plutôt gloutonne, malgré son rhume qui pourrait expliquer qu’elle soit plus somnolente, je commence à m’inquiéter un peu. Vers 12h, mes seins, de plus en plus engorgés, espèrent une vraie tétée et pas seulement du tétouillage comme elle avait fait pendant la matinée! Je décide de nous faire couler un bain, question de bien la réveiller et de lui offrir un vrai boire.

En la déshabillant, je réalise qu’elle « tire » son air. Elle ne fait pas de fièvre, son humeur est plutôt bonne lorsqu’elle est réveillée, mais je vois bien ses petites côtes lorsqu’elle respire et je sais d’instinct que quelque chose ne va pas. Aux vues de la situation, je lui remets son pyjama et direction l’urgence. Dans ma tête c’est clair comme de l’eau de roche, un bébé de trois semaines qui fait du tirage, qui est somnolent et qui ne boit pratiquement pas, ça nécessite une consultation.

Sur la route, j’appelle ma belle-mère pour planifier que mon fils ne passe pas une trop longue journée à la garderie. Mon conjoint finira sa journée tard et ne sachant pas vraiment combien de temps je passerai à l’urgence, je ne prends pas de chance. J’arrive à l’urgence et rapidement, on passe au triage. L’infirmière osculte ma petite et elle constate, tout comme moi, qu’elle tire son air anormalement. Sur la fiche, elle inscrit même TIRAGE +++. Elle nous envoie dans un petit cubicule en attendant le médecin. Après les examens de l’infirmière, ma cocotte est bien réveillée, j’en profite pour lui offrir le sein. Elle boit, mais pas énormément.

Je perds la notion du temps, mais finalement, un médecin arrive. Il est plutôt jeune, ne me pose pas beaucoup de questions sur le pourquoi de notre visite, mais constate que ma fille est bien réveillée, qu’elle ne fait pas fièvre et il ne semble pas alarmé par son état de tirage. Il me dit, d’un ton hautain, qu’elle n’a qu’un petit rhume et que tant qu’elle ne fait pas de fièvre, tout va bien. J’insiste : elle ne boit presque pas, est somnolente depuis ce matin et semble avoir de la difficulté à respirer. Il est catégorique et me répond, du haut de son piédestal, que l’urgence ne traite pas les petits rhumes. Sans un mot de plus, il quitte notre cubicule.

Je me sens extrêmement mal. D’une part, je suis bien mal à l’aise d’être à l’urgence pour un simple et si banal rhume, comme me l’a si bien fait comprendre le médecin et, d’autre part, je continue de m’inquiéter pour ma fille. J’hésite… j’ai envie de demander un 2e avis, mais finalement, je ne fais pas assez confiance à mon instinct et je décide de quitter l’hôpital.

J’arrive chez ma belle-mère vers 16 h, mon fils y est déjà et elle nous invite à souper. J’accepte. Mon conjoint nous rejoint avec son fils. On soupe, la petite dort sur moi ou sur ma belle-mère et elle ne boit toujours pas. Elle ne fait toujours pas de fièvre, mais plus les heures avancent, plus je m’inquiète de son état. Pourtant, les paroles froides et le ton désobligeant du médecin tournent en boucle dans ma tête… j’ai presque peur de retourner à l’urgence et de tomber sur lui à nouveau. J’essaie d’appeler Info-Santé, mais l’attente est interminable et, comble de malheur, après plus de 30 minutes sans réponse, je raccroche par erreur. On décide de retourner à la maison, mais avant, je remets la cocotte au sein pour voir si elle acceptera de boire.

Pour la toute première fois depuis notre retour de l’hôpital, elle semble vouloir s’y mettre réellement. Mes seins sont tellement engorgés à ce moment qu’elle avait par contre bien de la difficulté à s’accrocher. On finit par partir. Dans l’auto, j’hésite toujours à retourner à l’urgence. Mon chum me convainc d’aller à la maison, de désengorger mes seins pour lui faciliter la tâche et de retenter de l’allaiter, pendant qu’il couchera les garçons. Ensuite, si ça ne fonctionne toujours pas, de retourner à l’urgence.

On arrive. Pendant que papa s’occupe des garçons, j’installe la coquille sur le divan, j’ouvre le Petit Coulou qui la recouvre et une vision d’horreur me frappe de plein fouet. Ma fille, blême – presque blanche – avec pratiquement plus de tonus et ses yeux qui révulsaient… Je réfléchis à toute vitesse… Je vérifie sa respiration : elle respire.

Je tombe sur le pilote automatique : je ferme le Coulou pour la protéger du froid, je crie à mon chum que je retourne à l’urgence, je sors de la maison, j’installe la coquille directement sur le siège passager (pas question qu’elle arrête de respirer sans que je sache) et je pars vers l’hôpital. J’ai 15 minutes d’autoroute à faire jusqu’à l’hôpital. Je garde ma main sur sa poitrine pour m’assurer qu’elle respire toujours. J’ai travaillé longtemps dans un domaine d’urgence, j’ai géré des situations de vie ou de mort, comprenez donc que j’étais lucide et en contrôle de ce que je faisais, mais jamais je n’ai ressenti une aussi grande peur lors d’une situation.

Évidemment, jamais je n’avais géré une situation impliquant un membre de ma famille, ni même quelqu’un de proche de moi. C’est certainement le 15 minutes qui m’a semblé le plus long de toute ma vie, mais j’arrive finalement à l’hôpital. J’entre en trombe dans l’urgence, des gens attendent au triage, mais dès que mon regard croise celui de l’agent de sécurité, sans que je ne dise un mot, il comprend et me fait entrer directement dans la salle de triage qui se libérait; je ne sais pas ce qu’il a lu sur mon visage, mais il a simplement compris.

J’ouvre le Coulou, l’infirmière comprend elle aussi immédiatement l’urgence de la situation, me demande de sortir ma fille de la coquille et, aussitôt fait, elle me la prend et nous emmène dans la salle de choc derrière l’urgence.  

Je suis soulagée d’être enfin arrivée, mais le sentiment d’impuissance qui m’envahit quand je réalise ce que je suis en train de vivre me ronge littéralement. Une infirmière, puis 2 et 3 s’activent autour de mon bébé. Tout se passe si vite que mon souvenir est plutôt flou. Ce dont je me souviens très clairement est l’incapacité des infirmières à piquer ma fille pour ses prises de sang. Pas qu’elles étaient incompétentes, mais les petites veines de mon bébé de 3 semaines et sa pression trop basse rendaient l’opération extrêmement difficile. Elles piquaient encore et encore sans réussir. Ma fille pleurait et il y avait tellement de brouhaha autour d’elle que je ne pouvais même pas m’approcher d’elle pour tenter de la rassurer.

Quand les infirmières et la médecin qui était de garde ce soir-là ont finalement fini par stabiliser son état, tout est redevenu plus calme. J’ai alors réalisé que mon chandail était complètement trempé; avec un bébé qui pleurait à tout rompre et moi qui n’avait pas réellement allaité durant la journée, c’était une issue inévitable! C’en était même gênant.

Évidemment, c’est à ce moment que la médecin vient me voir. Elle me demande de lui raconter en détail ce qui s’est passé aujourd’hui. Quand elle réalise que je suis venue plus tôt aux urgences et qu’on m’a retournée chez moi avec un bébé de 3 semaines en tirage, elle est outrée et ne comprend pas…

Elle m’explique que l’état d’un jeune enfant peut se dégrader extrêmement rapidement, comme ce qui est arrivé à ma fille, et que le médecin qui l’a vue plus tôt aurait dû nous garder compte tenu des difficultés respiratoires qu’elle présentait. Elle me dit aussi qu’il était temps que j’arrive : si on avait couché la petite, elle ne se serait probablement jamais réveillée…

 

 

La suite de ce récit sera publiée demain…

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