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J’étais victime d’intimidation et maintenant c’est au tour de ma nièce
Crédit: Unsplash
J’ai eu une vie somme toute normale. Mes parents m’ont bien éduquée, ils étaient aimants. J’étais bonne à l’école, j’avais quelques amis. Mais… j’ai eu la « malchance » d’avoir de la pilosité faciale: monosourcil et favoris. Et c’est là que tout a commencé. En 5e  année du primaire: « Tu ressembles à la Bête dans la Belle et la Bête ». Ouch! J’ai 11 ans. En aucun cas je ne comprends ce qui se passe. Dans l’autobus scolaire, c’était pire. J’ai eu droit à des attouchements de la part d’un petit garçon en 6e année. Et lorsque j’ai dénoncé, j’étais la risée, car j’avais parlé. Ça ne s’est pas arrêté là.
 
 
Secondaire 1: Je suis totalement rejetée et je n’ai aucune idée pourquoi. Les gens entre le primaire et le secondaire changent, certes, mais de là à perdre tout le monde de vue, non. Les gens inventaient des choses à mon sujet. Certaines devenaient mes amies, mais c’était pour rire de moi. D’autres m’inventaient des maladies pour ne pas avoir leur casier à côté du mien. Je ne compte plus les oeufs lancés sur notre maison. 
 
Secondaire 2: J’étais éperdument amoureuse d’un garçon. Mais lui préférait dire: « elle est trop laide pour que je sorte avec elle ». J’ai tellement pleuré. C’est d’ailleurs durant ce temps que j’ai commencé à me préoccuper de mon apparence physique. Je voulais me faire accepter des autres et surtout de ce gars-là. Je voulais aussi que les méchancetés et les niaiseries cessent.
 
Secondaire 3: Des gens veulent me tabasser parce que j’avais apparemment « stoolé » quelqu’un. Eeeeeh, je savais à peine qui était cette personne et je n’avais absolument rien fait, mais c’était facile de me blâmer. Finalement, ça s’est estompé en secondaire 4 et je dois dire que de se faire une amie qui est la plus grande du niveau aide beaucoup, selon mon expérience.
 
Mais savez-vous ce qui ne s’est pas estompé avec le temps? Les séquelles laissées par ces épisodes dans ma tête. Et je sais que mon cas est loin d’être le plus lourd, côté intimidation. Mais les traces sont là. Aujourd’hui, mon estime personnelle est au plus bas, je frôle le trouble alimentaire, je m’épile, je me juge. Se faire traiter de « laide » sur une période de 5 ans, ça reste gravé en soi. J’aimerais bien passé outre cela, mais c’est difficile.
 
Et aujourd’hui, vous savez ce qui me fait le plus de peine? C’est de voir ma nièce pleurer lorsqu’elle se fait traiter de loup-garou parce qu’elle a un monosourcil. C’est de voir qu’elle commence le même pattern que moi, 30 ans plus tard. C’est de voir que rien n’a changé.
 
Je pense qu’il faut vraiment être à l’écoute des jeunes et être à l’affût des signes. Aussi, la prévention et l’éducation peuvent aider à réduire les chances que ces événements se produisent: il faut dire à nos enfants qu’ils méritent le respect, qu’ils doivent aussi respecter les autres et que l’intimidation n’est jamais la solution.
 
Parce que l’intimidation ça touche maintenant, mais ça affecte aussi plus tard. Je suis bien placée pour le savoir.
 
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