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Confinement en famille: C’est correct de trouver ça difficile
Crédit: Ulrike Mai / Pixabay

Ça fait 18 jours maintenant que nous appliquons des mesures de distanciation sociale. 18 jours que nous ne sommes que mon chum, mon fils de 4 ans et demi et le bébé de 18 mois. Plus de 2 semaines sans garderie, plus de 2 semaines à la maison. Pas d’amis, pas d’activités organisées, pas de parc. Plus de télé, plus de bordel dans la maison, plus de chicanes. 

L’autre jour en après-midi, nous nous promenions pour essayer de trouver de nouveaux arcs-en-ciel. #CaVaBienAller

Ça va bien aller. Je le sais que ça va bien aller au bout de tout ça. Mais entre vous et moi, j’ai-tu le droit de le dire que je trouve ça aussi crissement difficile? Je vois beaucoup de choses passer en boucle sur les médias sociaux comme quoi c’est une période parfaite pour profiter des moments en famille, pour faire des choses qu’on n’a pas le temps de faire habituellement, pour ralentir. Et même si je suis bien d’accord avec ces beaux principes, et que maudit que je voudrais simplement carpe diem cette période, j’ai ben de la misère

C’est difficile, parce que je travaille et que le rythme de mon travail n’a pas diminué. Au contraire, mon industrie est à cent mille à l’heure et les journées sont longues. Par chance, mon chum est à la maison et s’occupe des enfants, mais je trouve ça quand même difficile de travailler en entendant les chicanes, le bébé qui pleure, mon chum qui essaie fort de ne pas pogner les nerfs au milieu de tout ça. C’est difficile parce que chaque fois que les enfants me voient, ils veulent mon attention et je me sens mal de me sauver au sous-sol. Et on peux-tu se le dire que 18 mois, c’est un âge infernal (ce n’est clairement pas juste le mien, n’est-ce pas)? Il crie tout le temps, il court partout, il n’écoute rien. Il fait des crises du bacon une seconde puis éclate de rire en se sauvant pour mettre les clés dans la toilette. Ben le fun

Je trouve ça difficile parce que la situation est excessivement anxiogène. Je m’inquiète pour ma santé, celle de mes proches, de mes enfants. Je m’inquiète de voir l’économie ralentir, de voir des entreprises et des PME prendre le coup. J’ai peur de comment cette anxiété affecte ma santé mentale et celle de mon conjoint. Je pense à comment les enfants ressentent ce stress et les impacts que ça aura. Et même si on sort prendre des marches et même si on joue dans la cour, ça ne remplace pas les jeux de la garderie et les après-midi passées à courir après les copains. Mon plus grand comprend que la situation est bizarre et il parle lui-même de « la maladie ». 

Je trouve ça difficile et mon chum trouve ça difficile et ce n’est pas évident pour notre couple. On s’aime, on se respecte, on est des partenaires, mais on se parle plus sec et on est plus au bout du rouleau. Les journées sont longues et les chicanes sont courtes. Pas de petite bière avec les copains pour dédramatiser. Pas de matchs de soccer pour sortir le méchant. 

Je trouve ça vraiment difficile, parce que ce n’est pas comme le petit down au milieu des vacances. Quand tu commences à être fatigué et que les enfants se chamaillent, mais que tu en profites parce que ça passe trop vite. Il nous en reste pour au moins 5 semaines. CINQ semaines. Je trouve ça long et je trouve ça dur et je me sens coupable de trouver ça long et de trouver ça dur. La fameuse mom guilt n’est pas en quarantaine elle.

Puis, j’essaie de me retrouver dans ce sentiment, en lisant des trucs sur le web. Mais les commentaires reviennent tout le temps au même: – Ben voyons! On ne fait pas des enfants pour les mettre à la garderie! – Ben voyons! Profitez-en! – Ben voyons! Il y en a pour qui la situation est bien pire! 

Je sais, je sais, je sais. Je sais tout ça. Mais je sais aussi que j’ai le droit de trouver ça difficile et je trouve ça important le dire à voix haute (et de l’écrire ici). Parce que parfois, quand on regarde Instagram et que tout ce qu’on voit ce sont des images de familles qui peinturent des arcs-en-ciel dans les fenêtres ou qui font de la pâtisserie, on a l’impression d’être seul.e sur notre île. On pense que tout le monde a dont bien du plaisir et profite à fond de cette période alors que pour nous, l’idée de retourner au bureau sonne comme une croisière tropicale (ah non, surtout pas une croisière, mais vous comprenez le point). 

Alors, pour tous ceux et celles qui trouvent ça difficile et qui trouvent qu’on ne le dit pas assez, ça va bien aller.

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