Le confinement n'est pas un jeu et la situation est grave. Je suis très inquiète pour les nouveaux chômeurs, pour l'avenir de mon enfant, nos aînés et les personnes fragiles. J'ai peur de l'effondrement économique. J'ai énormément de tristesse et d'empathie pour les personnes qui ont perdu leurs proches, leur emploi ou leurs projets. Cette crise est sans précédent et il ne faut pas minimiser les impacts qu'elle aura sur nos vies prochainement.

Cependant, retrouver une vie simple, basée sur l'instant présent me fait énormément réfléchir. En ce moment, il est impossible de faire des projets, des travaux, de courir à droite et à gauche ou d'avoir le FOMO (fear of missing out). On ne peut que vivre dans le présent. Bizarrement, malgré mes inquiétudes et ma tristesse, je ressens aussi une sorte d'apaisement. J'ose à peine l'écrire, car j'ai pleinement conscience de la gravité de la situation et je trouve mon sentiment vraiment paradoxal.

Je ne sais pas combien de temps cette ambivalence va durer, la situation économique est si catastrophique que je vais sûrement très bientôt sortir de cette bulle (et j'en sors d'ailleurs bien souvent).

Ma situation professionnelle est précaire et il est possible que je perde mon emploi dans les jours à venir, beaucoup de mes amis sont mis à pied, mes grands-parents se sentent très seuls, ma soeur infirmière est au bord du burn-out.

Mais voilà, aujourd'hui, je dois avouer que passer mes journées avec ma fille me fait souvent beaucoup de bien, et ce, malgré le travail à la maison très prenant, la vie sociale sur pause, et ma peur de l'avenir.

Comprenez-moi bien, je réalise pleinement le privilège de pouvoir vivre la crise de cette façon en ce moment, d'être en santé, d'avoir gardé mon emploi et d'être avec la personne qui compte le plus pour moi, de pouvoir prendre soin d'elle et de l'éduquer comme je le veux. Mais toute cette douceur-là me calme. La voir si heureuse me rend heureuse moi aussi, dans un sens. Lui dire que #çavabienaller me rassure moi-même. 

J'espère de tout coeur que cette période est temporaire. Et si on s'en sort bien, j'espère qu'on va tirer des leçons de la situation, que la vie se déroulera un peu plus lentement, qu'on achètera moins et mieux, plus local, plus équitable, qu'on prendra plus souvent des nouvelles de nos proches et qu'on prendra soin de nos parents et grands-parents. Que les sorties seront un peu plus rares, mais plus riches, qu'on courra moins, qu'on marchera plus. 

C'est beau de rêver, je sais bien! 

Tout ça me donne envie de ralentir le rythme, arrêter cette course effrénée qu'étaient nos vies avant la COVID-19.