Aujourd’hui, j’ai décidé de mettre sur papier toutes les émotions que j’ai présentement en dedans de moi. J’ose espérer que les gens ne jugeront pas trop. Et j’ose espérer que je ne suis pas seule dans cette situation.

Il y a quelques semaines seulement, tout allait bien. Nous vivions dans l’insouciance. Pour utiliser une belle métaphore : on gambadait dans les champs main dans la main. Et là, c’est venu comme un coup de barre : confinement social.

Depuis ce fameux vendredi, je vis dans un état de panique constant et j'ai un point dans la poitrine. Je suis de nature anxieuse; je suis d'ailleurs traitée pour mon anxiété. Et ce qui est surprenant, c'est que ce n'est pas la crainte de la maladie en soi qui provoque chez moi ce sentiment. À force de vouloir mettre mes idées sur papier, c’est la première chose que j’ai écartée. Je n’ai pas voyagé, je ne prends pas le transport en commun, je suis germaphobe; mes risques de contracter la maladie sont faibles.

Ce qui me crée de l’angoisse, c’est toute la situation autour de la COVID-19. Depuis des semaines, je dois non seulement continuer de travailler mon 37,5 heures à la maison avec réunions sur les plateformes web, mais je dois de plus gérer mon enfant. Je dois le divertir, préparer le dîner, le déjeuner, le souper, ramasser, nettoyer, désinfecter la maison, faire la vaisselle, vider le lave-vaisselle, faire le lavage, m’assurer qu’on a assez de nourriture.

Je ne veux pas laisser mon enfant ad vitam aeternam sur la tablette, je dois donc être inventive. Mais reste qu’une envie de caca n’est définitivement pas planifiable et que durant un meeting, je dois parfois gérer un « Maman, j’ai fini, viens m’essuyer ». Certes, papa est là aussi. Lui aussi, il travaille. Mais je ne sais pas pourquoi, si les enfants ont le choix entre les deux, qui viennent-ils voir? MAMAN!

Aussi, je ne compte plus le nombre d’articles que j’ai vu passer sur « Quoi faire avec les enfants en quarantaine », toutefois, je travaille dans le jour, je ne peux malheureusement pas tout faire sur cette liste.

Et si au départ c'était possible d'aller au parc, maintenant, il n'en est plus question. À moins de rester très loin des autres. Les aires de jeux sont fermées pour ne pas que les enfants se rencontrent, socialisent et risquent de propager le virus.

De toute façon, même les premiers jours, je restais à l'intérieur. Pourquoi? Parce que j'avais peur de me faire juger, de ne pas faire la bonne chose, de me faire pointer du doigt.

Et même si je trouve honorable que les artistes et les influenceurs aient mis la main à la pâte pour sensibiliser la population, je trouve que certains d'entre eux ont échoué dans leur delivery. En tout cas, pour moi, leurs messages ont fait augmenter mon sentiment de culpabilité et la pression sociale que je ressentais déjà.

Au cours du mois dernier, certains spécialistes ont mentionné la possibilité d'avoir un cercle de contacts fermé, pour survivre à la crise qui peut (et va probablement) durer des mois. Mais la situation change tellement vite et les consignes de distanciation sociale sont constamment mises à jour; qu'est-ce qu'on peut vraiment se permettre? Rester chez soi semble être dorénavant la seule option.

Tout ça, c'est sans mentionner ma santé mentale. Elle était déjà dans un état fragile et j'ai l'impression qu'elle l'est encore plus aujourd'hui. Va-t-elle dépérir? J'ai peur que oui. Je me sens comme une boule d'émotions intenses et contradictoires. J'espère que les prochaines semaines viendront faire le ménage dans tout ce que je ressens...