La pandémie a apporté son lot de bons et mauvais côtés. Cela m’a emmené à remettre certaines choses en perspective et soulève plusieurs questions. Ça me permet de faire le point sur ma vie et mes aspirations pour le futur. Le confinement a restructuré ma vie de famille. Je me questionne sur ma carrière. Je me questionne sur notre mode de vie, mon couple et mes habilités de mère de famille. Je me questionne aussi sur l’importance de la famille et de la place que je veux qu’elle occupe pour moi.
Je me rends compte que ma famille n’est pas terminée; j’ai ce besoin de donner une dernière fois la vie. J’ai besoin de revivre une grossesse, de sentir ce petit être battre au même rythme que moi. J’ai besoin de savoir que toutes les premières fois que j’ai vécues avec mon deuxième enfant ne sont pas mes dernières. Je veux profiter de ces moments spéciaux en sachant bien que là, je vivrai mes dernières « premières fois ». C’est viscéral. Je le sens jusqu’au plus profond de mon être: je veux un autre enfant.
Je me suis assise avec mon conjoint lorsque les enfants dormaient pour avoir la discussion, celle qui allait trancher face à ce dilemme. Il m’a parlé de ses craintes; celle de ne pas y arriver, que ce troisième enfant puisse briser l’équilibre fragile que nous avons réussi à nous construire, cette crainte de passer de deux à trois enfants, puisque l’adaptation a été plus difficile qu’il ne l’aurait cru à l’arrivée du deuxième, cette crainte lorsqu’on réalise que ces petits êtres dépendent de nous, la peur de ne pas être suffisants à leurs yeux. Il m’a aussi parlé de son désir d’en avoir un autre et du sentiment de famille incomplète qu’il ressent aussi. Il a lui aussi envie de vivre ces petits moments spéciaux d’un enfant qui vient au monde et grandit, une dernière fois.
La discussion fut longue, parce que la liste de nos angoisses et nos espoirs face à un troisième enfant l’est aussi. Nos émotions sont contradictoires; on a peur de ne pas être suffisants, mais on a aussi le coeur léger à l’idée de donner de l’amour à un autre enfant. Mais à vrai dire, je crois que cette discussion n’était peut-être pas nécessaire; nos coeurs et nos têtes ont toujours su qu’il restait de la place pour un troisième enfant.