Depuis quelque temps, je réfléchis à la pression qui nous est mise. Celle venant de la société, de certains professionnels, de nos proches aussi, parfois. Mais celle – surtout – que nous mettons nous-mêmes. Cette réflexion me suit, d’autant plus, en temps de confinement.

Comme tout le monde, je vois passer les initiatives de chacun sur les réseaux sociaux pour faire du « beau » dans le contexte actuel. Je ne peux toutefois pas m'empêcher de penser que d’une certaine façon, ça peut mettre de la pression sur certains parents : suis-je assez divertissant.e pour mon enfant? Est-ce que je le stimule assez, dans ce contexte d’isolement? Lui fais-je faire suffisamment d’exercices physique ET intellectuel afin de ne pas « scrapper » son avenir?!

De la même façon, il y a toute cette pression que nous nous mettons en tant que simple individu. Ce moment d’arrêt général, quoique bien involontaire, devrait apparemment être un moment précieux pour réaliser tous ces projets qui font régulièrement surface sur nos fameuses to-do lists: lire davantage, faire plus d’exercice, gérer le fameux barda de toute la paperasse accumulée, constituer des albums photo avec toutes ces images capturées au fil des ans, prendre le temps de mettre en mots ce fameux projet qui nous trotte en tête depuis des années, organiser des « 5 à 7 virtuels » avec les copains (et être souriante et amusante pour égayer le moment), essayer ces fameuses recettes que je mets dans mes « favoris » depuis trop longtemps, épurer la maison de tous ces objets inutiles (pour faire de la place pour du nouveau dans ma vie, comme ils disent)... et la liste peut s’allonger à l’infini.

Le message qui passe, c'est « Pour une fois que le temps n’est plus une excuse, EMBRAYE! » L’affaire, c’est que ce temps d’isolement social peut peser lourd, parfois. Ce n'est pas du temps « normal ». D’un point de vue très personnel, j’ai beau relativiser au maximum, m’accrocher au fait que l’important est que mes proches et moi soyons en santé, que même si je suis travailleuse autonome ayant perdu toutes mes occasions professionnelles, il y aura des fonds venant du gouvernement, que mes enfants ont de la facilité à l’école, que le retard ne sera pas si complexe à récupérer, ce n'est pas facile pour autant. Je pense aussi aux personnes qui sont au front pour notre bien alors que moi je n'ai qu'à rester tranquillement à la maison, en toute sécurité, et je sais que j'ai un beau réseau social alors que d'autres vivent de l'isolement à l'année. Je sais tout ça. Ma tête et mon coeur le savent.

Mais, après plusieurs jours passés en confinement, c'est comme si ma motivation était partie au galop, à l'extérieur, défiant toutes les consignes du gouvernement. C'est comme si toute mon énergie était mobilisée à me faire garder le cap, à gérer du mieux possible la solitude. Il faut donc que j'accepte que mon énergie ne soit plus disponible pour des activités qui ne sont pas essentielles. Quand les enfants sont là, je dois aussi m'impliquer avec eux sans m'obliger à faire uniquement des projets qui feraient rougir d'envie Pinterest. Je dois m'enlever la pression de « performer » mon confinement.

Je me le dis, et je vous le dis aussi au passage; donnons-nous le droit d'être adéquats, sans plus. Donnons-nous le droit d’avoir quelques instants où le moral est plus à plat. Donnons-nous le droit de nous ennuyer de nos proches, en vrai. Donnons-nous le droit d’avoir envie de sortir de nos quatre murs, aussi joli soit notre logis. Permettons-nous de ne pas TOUJOURS être au top. Tout en prenant soin de nous. Et des autres. En espérant que #ÇaVaBienAller