Au début de la COVID-19, j’étais inquiète, mais une part de moi aimait ce grand ralentissement. J’avais un peu de mal à l’avouer étant donné la gravité de la situation. Je saisissais tout le privilège qui me permettait d’avoir ce raisonnement : je suis jeune, en bonne santé et j’ai gardé mon travail (et je suis vraiment reconnaissante de cela, malgré tout le chialage qui va suivre).
Ma fille de deux ans était heureuse d’être confinée elle aussi. Elle aimait ça, être avec son papa ou sa maman toute la journée (nous sommes séparés). C’était un temps mort pour réfléchir à la vie. Même si je n’ai jamais vraiment arrêté étant maman et directrice, je trouvais ça bon d’être plus souvent avec ma fille et d’arrêter de courir après les projets et les activités. Il y avait un vent de changement qui me plaisait bien. j’avais l’espoir d’un virage vers une décroissance programmée en faveur de la planète ou je ne sais quel rêve utopique.
Mais aujourd’hui, j’ai craqué. J’ai pleuré toute la journée. Je suis tout simplement à bout de souffle.
Je me rends compte que depuis que je fais du télétravail, je n’ai plus aucun horaire, plus vraiment de pause. Je n’ai jamais eu si peu de temps pour moi. Mes journées de télétravail quand je m’occupe de ma fille n’ont aucun sens, c’est du non-stop de 6h30 jusqu’à minuit, parfois plus! En plus de toute cette charge mentale et physique, je me sens coupable de mettre ma fille au moins 3h par jour devant Netflix et Disney+, mais c’est ça ou je perds ma job.
Quand je n’ai pas ma fille, je rattrape toutes les heures manquées et ça peut aller jusqu’à travailler 13h par jour sans aucune pause, même pas pour manger.
Résultat, c’est pendant la COVID-19 que je suis au bord du burn-out. Quand je vois toutes les vidéos passer sur les films à regarder, les livres à lire, les conseils pour faire du yoga chez soi, j’ai le goût de brailler ben raide. Moi, je ne fais rien de tout ça, je suis en mode survie. J’ai l’impression de passer ma vie entre un lit, une cuisine (jamais autant fait la vaisselle), une ruelle et ce, toujours avec un ordinateur ou mon cell sur moi. Ma fille commence à trouver ça bien moins drôle de ne plus voir ses amis et elle souffre de mon manque d’attention quand je travaille. Je m’impatiente plus vite, elle me provoque encore plus et c’est un cercle infernal.
Donc ce soir, j’ai décidé de prendre 20 minutes de temps que je n’ai absolument pas, pour ventiler, pleurer un bon coup et, pourquoi pas, apporter un petit élan de solidarité aux nombreux parents qui se retrouvent dans ma situation! À vous, parents épuisés, j’ai envie de dire, vous n’êtes pas seul.es et guess what? OUI ça va bien aller.
P.-S. Merci pour l’écoute, ça va déjà mieux!