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L’une des premières choses qu’on se fait dire (cent fois d’ailleurs) quand on présente notre bébé à des gens qui ont des enfants plus vieux, c’est : « Profites-en! Ça passe tellement vite! » Ma plus vieille a maintenant 3 ans et force est de constater que toutes ces personnes avaient raison; je n’ai absolument pas vu passer les trois dernières années. Je vais avoir l’air quétaine, mais il me semble que c’était hier que je me demandais chaque jour si c’était finalement le moment de notre rencontre, de mon accouchement. Chaque nouvelle maman le constatera : quand bébé nait, on cligne des yeux et il a une semaine. On cligne des yeux à nouveau et il a un mois. On cligne encore, un an! Ça n’arrête jamais.
Surtout que, avouons-le, on devient très occupé.e.s! Fini le temps où l’on passait nos journées de congé à binge-watcher la nouvelle série de l’heure. Avec un enfant, il y a toujours quelque chose à faire! Personnellement, c’est quelque chose que j’apprécie étant donné que j’aime avoir un quotidien bien occupé. Or, ça fait inévitablement en sorte que le temps défile à une vitesse fulgurante.
Pourtant, certains moments sont TELLEMENT LONGS. Quand bébé refuse sa sieste et que, en plus, ça fait quelques semaines (voire quelques mois) que maman n’a pas dormi plus de trois heures d’affilée, chaque minute semble être une éternité. Je me souviens de longs moments durant lesquels j’étais assise dans le salon avec mon bébé, les deux yeux dans le même trou, à secouer un jouet quelconque de façon pas trop convaincante. Je regardais au loin l’heure sur le four en calculant dans combien de minutes papa arriverait du travail pour prendre la relève le temps que j’aille prendre une douche afin de retrouver mes esprits!
Il y a aussi de beaux moments qui se sont déroulés extrêmement lentement. Eh oui! Ma fille m’a réappris l’art de la contemplation. Je lui en suis si reconnaissante! Régulièrement, lors de nos grandes marches en forêt, alors que je trouve que nous avons un bon rythme et que j’aimerais continuer à avancer, ma fille me force à arrêter.
– « Regarde, maman! Une feuille brune! »
– « Oh, oui! Elle est belle, ma chérie! Allez, on continue! »
– « Attends, maman! REGARDE la feuille! Elle a un trou dedans! »
Pas le choix, je dois m’arrêter pour de vrai. Je dois regarder la feuille, le champignon, la chenille, l’arbre, la montagne au loin. Je dois contempler. À ce moment-là, les secondes passent lentement et j’en profite pour respirer un bon coup. J’admire tellement le regard que ma fille porte sur le monde. Tout lui semble fantastique! J’essaie du mieux que je peux de partager son regard et ça me fait beaucoup de bien, chaque fois. De plus en plus, j’apprends d’elle et je porte une attention plus particulière aux petites merveilles qui m’entourent. Ainsi, je me sens plus groundée.
Bref, depuis que j’ai des enfants, je sens que ma notion du temps est devenue très paradoxale. C’est difficile à expliquer. Disons que, comme dirait Dédé : « la vie, c’est court, mais c’est long des petits bouts ».
