Plus jeune, j’ai habité avec la conjointe de mon père, Christine.  Elle est décédée en 2009 suite à une SLA.  Elle adorait la peinture, les livres, la nature.  Elle a fait découvrir Rimouski à la citadine que j’étais.  J’aimais passer du temps avec elle.  Je l’aimais donc.  Elle adorait parler, échanger…  Ressentir.  Elle était intuitive et sensible, le genre de personnes qui marquent et enrichissent les gens qu’elles croisent. 

Elle avait plusieurs manies qui pouvaient prendre la forme de rituels et mon favori était, sans aucun doute, son habitude de ramasser les roches ayant la forme d’un cœur.  Même si son entourage trouvait ça un brin quétaine et était souvent exaspéré de la quantité (très impressionnante, croyez-moi) de pierres qu’on pouvait retrouver dans sa maison, elle persistait dans sa collection allant jusqu’à acheter une polisseuse.  Elle me répétait souvent que la journée où j’allais m’attarder à les remarquer, les fameuses roches en cœur, je les verrais partout. 

À ses funérailles, sur la plage à Rimouski, il y en avait une pour chaque personne présente. Les années ont passées et elle avait raison, je les vois partout et je les ramasse moi aussi…  Je les date, je les annote, je les expose…  Depuis plus de dix ans.

Crédit:Crédit: Maude Chevanelle

Il y a maintenant plusieurs années qu’elle est décédée et, vous l’aurez deviné, ma collection devient assez impressionnante malgré les roulements des yeux qui m’entourent. 

Cette histoire, je la raconte également souvent à mes enfants ainsi qu’à mes élèves de maternelle.  Bien que cette habitude m’évoque Christine, elle évoque de plus en plus « moi » à certaines personnes.  Ce n’est pas rare que mes enfants m’en conservent une trouvée au parc ou qu’un élève en dépose une sur mon bureau. 

Loin d’être ésotérique normalement, chaque fois, je me dis qu’elle est là, qu’elle pense à nous ou que, dans ce moment précis, il y avait une réponse pour moi.  Que ce soit vrai ou non, ça me fait un bien fou.

Crédit:Crédit: Maude Chevanelle

Bien que son décès remonte à longtemps, et je n’ai pas perdu une personne chère récemment, je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée pour tous ceux qui, ces jours-ci apprennent la perte d’un être cher.  Ne serait-ce que dans mon entourage ou à travers mes réseaux sociaux, les annonces de décès se multiplient et, malheureusement, ces gens devront passer à travers un deuil dans la plus grande solitude, loin de ceux qu’ils aiment. 

J’espère que, comme mes enfants et moi qui gardons en vie la mémoire de cette femme fabuleuse avec nos cailloux annotés, vous trouverez une façon, bien à vous, de laisser l’espoir et un sourire traverser vos journées.

Avez-vous, vous aussi, des traditions qui vous rappellent chaleureusement une personne aimée?