À la sortie du secondaire, la majorité des jeunes ont des objectifs de vie plus ou moins concrets. De mon côté, je voulais poursuivre des études supérieures et faire le tour du monde afin de découvrir de nouvelles cultures et d'autres langues. Il y a 20 ans de cela, j’étais assise sur le lit de ma chambre à regarder les deux petites barres colorées d'un test de grossesse. Je venais d’avoir 18 ans et je venais d’apprendre que j’étais enceinte. 

À ce moment précis, j'avais l'impression que le temps s'était arrêté et que j'étais dans une autre dimension. Les premières questions qui ont traversé mon esprit ont été : comment vais-je faire pour m’occuper de ce bébé, comment vais-je pouvoir poursuivre mes études, vais-je être une bonne mère?

J’ai été suivie à la Clinique de grossesse à l’adolescence de l’hôpital Sainte-Justine. J’ai eu le droit à des bons services offerts par une équipe multidisciplinaire. Plus les jours passaient et plus l’amour que j’avais pour ce bébé grandissait. La grossesse et l’accouchement se sont bien passés, mais lorsque le jour J est arrivé, l'angoisse m'a envahie. À sa naissance, ma petite Vanilee était tellement belle et minuscule. Elle a arrêté de pleurer dès que je l'ai couchée sur ma poitrine et c'est à ce moment précis que j'ai fondu en larmes. J'ai réalisé que ce petit être allait dépendre totalement de moi et cette responsabilité était effrayante.

Dans cette aventure étourdissante; j’ai eu de la chance parce que mon mini humain était un bébé presque toujours de bonne humeur, elle prenait bien le sein et faisait ses nuits. J’ai aussi eu le privilège d’avoir ma mère auprès de moi; elle a changé son horaire de travail pour pouvoir garder ma fille pendant que j’étudiais, et ce, pendant deux ans. Ma soeur aussi me dépannait de temps à autre. D’ailleurs, je leur en suis extrêmement reconnaissante. 

Ma fille n’avait pas encore un an lorsque j’ai reçu un diagnostic de polyarthrite rhumatoïde. Dès que j’ai arrêté l’allaitement, j’ai entamé les puissants traitements nécessaires en prenant des médicaments qui viennent avec un lot d'effets secondaires, dont des étourdissements et des vomissements. C'est au même moment que nous sommes devenues, ma fille et moi, une famille monoparentale. Ensuite, j'ai dû être hospitalisée à de nombreuses reprises à cause de certaines complications médicales, le tout pendant mes études. Comme quoi un malheur n’arrive jamais seul.

De plus, à ce moment de ma vie; je vivais une situation économique précaire donc Vanilee et moi avons souvent fait la file dans les banques alimentaires. Je me souviens qu’on faisait semblant d’être au resto. Je découpais les images de gâteaux des circulaires en guise de dessert. À l'époque, je n’avais pas de budget pour les desserts et encore moins pour le resto. Peut-être que vous trouvez ça triste, et oui ça l'est, mais je garde des beaux souvenirs de cette époque où je pouvais m'évader dans le monde imaginaire de mon enfant.

Avoir eu ma fille à 18 ans n’a pas été facile, mais je ne regrette aucunement d’avoir fait ce choix. Je suis fière de la femme qu'elle devient. J’ai tout de même réussi à compléter mes études universitaires. Pour ce qui est de mon rêve de faire le tour du monde; un jour, je le ferai. Mon mini humain m’a entraînée dans le plus beau des voyages; celui de la maternité. Même si je n’étais pas une mère parfaite (et je ne le suis pas encore, qui l’est?), ma fille m’aimait comme ça…  parfaitement imparfaite.

Si une adolescente enceinte de votre entourage a besoin d’aide, Grossesse-Secours offre un service d'écoute et d'information gratuit et confidentiel: consultez leur site internet pour en savoir plus.