Depuis toujours, je suis inspirée par les histoires de gens qui font preuve d’humanisme, de solidarité et de générosité dans les moments les plus sombres. Des témoignages, des récits et des films qui traitent de ce sujet, il y en a tellement. On se rend compte que le monde a traversé différentes crises. Et que, à travers l’horreur, les gens s’apportaient de l’espoir, du soutien et de l’entraide, parfois même au péril de leur propre vie. Ces personnes savaient-elles qu’elles traversaient et écrivaient un moment charnière de l’histoire? J’en doute.

Elles vivaient probablement au jour le jour, incertaines des obstacles du lendemain. Elles étaient tristes, apeurées, sans plan fixe. Mais malgré cela, la motivation d’apporter un peu de bonheur, ou de faire ce qui était juste, les encourageaient à poursuivre. Aujourd’hui, on ne le saisit probablement pas. On se doute que ce qu’on vit présentement changera la face du monde. Mais, on ignore les impacts à long terme. On ne sait parfois même pas avec certitude de quoi sera faite notre prochaine semaine.

Et, malgré ce chaos, on retrouve beaucoup de belles histoires. Je suis l’actualité, même si elle mine souvent mon moral. Mais, je veux surtout trouver des bonnes nouvelles et des histoires inspirantes. Je consomme à plein les textes qui relatent l’histoire de grand-maman qui a survécu à la COVID-19, du nombre quotidien de personnes en rémission et des gestes de sympathie partout dans le monde. J’ai besoin d’espoir, j’ai besoin de sentir qu’ensemble, nous sommes forts et solidaires.

J’ai constaté, au cours des derniers jours, un changement tout simple, mais qui me semble TELLEMENT important. Trois petits mots gagnent en force : « comment ça va? » J’ai l’impression que la COVID-19 et l’isolement qu’elle entraîne ont donné une tout autre signification à cette formule d’introduction souvent vide de sens. Tous les jours, j’écris et je lis ces mots. Je réponds et surtout, j’écoute la réponse.

Avant, on disait « Hey, ça va ? » comme on dit « Bonjour ». On posait une question, mais on écoutait plus ou moins la réponse, la conversation sautant déjà à un autre sujet. La vie va tellement vite, on se conditionne à tout faire en si peu de temps. On ne prenait pas vraiment la peine d’accorder à cette question sa juste valeur; on ne s'intéressait pas vraiment aux sentiments et aux états d’âme de l’autre. On répondait machinalement « Oui, ça va » alors que parfois, ce n’était pas vrai. Cette question, pourtant si importante, n’était qu’une forme de politesse vide.

Et, quand nos certitudes ont commencé à changer, quand notre stabilité a été ébranlée, la question perdurait, mais sa réponse et sa perception ont pris un autre sens. On prend des nouvelles les uns des autres, on se dit plus ouvertement si ça va ou pas, on interroge avec amour et attention.

Nous traversons quelque chose d’important. Sans qu’on le veuille ou qu’on en soit nécessairement conscients, nous sommes aussi les artisans des belles histoires de demain, celles qui pourraient alimenter les livres et les films des prochaines décennies. Chaque crise a laissé sur son sillage des pleurs et des malheurs, mais elles ont aussi amené des changements positifs. Il y a plein de choses qu'on peut espérer apprendre de cette pandémie, afin que le monde de demain soit différent de celui d'hier.

Pour ma part, j'aimerais qu'on maintienne cette belle habitude de prendre des nouvelles les uns des autres, de s'écouter pour vrai, de se réconforter et d'être solidaires dans l'épreuve. Soyons les inspirateurs de demain. Continuons d’accorder de l'importance à une personne qui s’ouvre à notre « Comment ça va? », même lorsque notre vie aura repris sa course folle.

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