La fête des Pères approche et je ne serai pas avec celui qui devrait être l’homme de ma vie. Non pas à cause du Covid-19, mais à cause d’un autre méchant « virus », celui de la dépendance. J’ai un parent addict à l’alcool, aux drogues et aux jeux de hasard. Aussi loin que je me souvienne, mon père a toujours trop aimé le vin et l’alcool fort.

J’ai grandi dans une famille nucléaire traditionnelle, mais mon père n’était pas là. Il travaillait comme un workaholic afin de payer ses vices et lorsqu’il avait congé, il était dans les bars ou au casino. Souvent il revenait en plein milieu de la nuit et je me cachais dans le placard avec ma petite sœur en prenant soin de couvrir nos oreilles pour ne pas entendre la violence qui suivait.

J'étais au début de la vingtaine lorsque mon père a commencé à s’effacer de plus en plus de ma vie. Non pas parce que je ne voulais pas qu’il soit présent. J’ai tellement mis de temps et d’énergie à vouloir sauver mon père de son monde infernal. J’en ai fait, des appels dans des centres de désintoxication, chez des psychologues, etc. Mais il finissait toujours par retourner à ses vieilles habitudes.

Avoir eu un père absent a fait de moi une femme très méfiante des autres et qui ne se laisse pas aller dans ses relations amicales, mais surtout amoureuses, de peur d'être abandonnée. J’ai peur de l’alcool, des drogues et du jeu. Je ne fume pas, ne bois pas d'alcool, ne me drogue pas et ne joue pas aux jeux de hasard de peur d’être comme mon parent. Je suis convaincue que le gène de la dépendance existe alors je me tiens loin de tout ça pour ne pas finir comme lui.

Mon père ne connaît pas la femme que je suis devenue ni la famille que j’ai construite. Il a connu un peu l'aînée de mes filles, mais il n'a vu qu'à deux occasions mes plus jeunes. Il ne sait pas dans quoi j’ai étudié ni quelle profession j’exerce, gracieuseté de l'amnésie causée par l'alcoolisme dont il souffre. Il ne me contacte pas et c'est bien ainsi. Je ne le veux pas dans ma vie, car il nous a trop blessés.

Par contre, je souhaite sincèrement qu'il prenne le dessus sur sa dépendance et qu’il ne finisse pas sans le sou, sans-abri et seul. Je garde précieusement les trop rares souvenirs de mon enfance lorsqu'il me portait sur ses épaules et que je me sentais comme une enfant normale.

La petite fille brisée en moi veut dire à tous ces parents qui souffrent de dépendance; s’il vous plaît, allez consulter. Demander de l’aide sera le plus beau des cadeaux que vous pourrez vous faire et, par le fait même, ce sera le plus beau cadeau que vous ferez à vos enfants.

Si vous avez besoin d’aide, le site du gouvernement du Québec propose de l'information et des ressources sur la  consommation d'alcool et d'autres drogues et pratique des jeux de hasard et d'argent.

Vous avez une histoire à partager? Écrivez-nous au info@tplmag.com