J’ai une formation complète de gestionnaire. J’ai fait 7 années d’études supérieures en gestion et acquis 4 diplômes. J’ai la tête pour prendre des décisions de taille. J’ai repris les rênes de l'entreprise familiale dans le domaine de l’énergie et je partage la direction avec un membre de ma famille. J’ai le titre de Vice-Présidente et par-dessus tout, je suis une femme. Sensible, qui plus est.

J’ai mis beaucoup d’énergie à m’approprier une place qui, dans les mœurs, revient aux hommes. J’ai dû faire de grands discours pour qu’on me prenne au sérieux. J’ai réussi. Jusqu’au jour où je suis tombée enceinte de mon premier enfant. On voyait en moi une maman qui avait manqué le bateau des affaires qui passent.

À ce moment-là, j’avais 27 ans. J’étais plutôt naïve quant à la maternité. Je croyais pouvoir fonctionner à plein régime en plus d’avoir bébé à la maison. Je ne suis pas de celles pour qui le congé de maternité a été possible. J’ai tout fait pour remplir mes responsabilités professionnelles le plus longtemps possible. Les dossiers se sont empilés, mes absences se sont prolongées et la fatigue a eu raison de ma patience. J’ai été une grave victime du « mommy brain », vous savez, le cerveau dans le jello dans la première année de vie de bébé? C'est ce qui m’a valu de foutre en l’air mon équipe de travail et de m’enfoncer dans une dépression post-partum.

J’ai cette impression, depuis le début de la maternité, d'être influencée à choisir entre le rôle de mère ou celui d’entrepreneure. Peut-être que parce que quand j’ai annoncé ma 2e grossesse, on m’a félicitée par un « pas encore… » ou peut-être aussi parce que cette annonce a répandu un stress à travers nos bureaux comme une traînée de poudre. 

Pourquoi une femme ne peut-elle pas avoir les deux? Mes enfants sont encore si petits; oui, mes absences familiales sont plus fréquentes, oui, mes heures de travail en sont diminuées. Effectivement que j’ai fait de ma vie de famille une priorité, mais jamais la place de mon entreprise dans mes objectifs et dans mes projections futures n’a été compromise.

Aujourd’hui, je dois me battre pour conserver mes parts. J’accepte de diminuer mon salaire hebdomadaire parce que mon horaire se trouve modifié en fonction des déplacements des cocos et de l’horaire de papa. J’accepte aussi de devoir faire un choix entre ma carrière et un 3e enfant pour ne pas fragiliser les fondations de notre entreprise. J’accepte de me délaisser de mes dossiers les plus valorisants, mais jamais je n’accepterai qu’on diminue ma valeur par ce que je suis une femme, une maman.

En tant qu’employeuse, je me battrai pour que tous les employés chez nous, peu importe leur sexe, aient la possibilité de se dépasser. Je serai derrière eux pour les accommoder dans leur conciliation travail/famille. Je les soutiendrai en temps de tempête, même si la tempête est de nature personnelle.

Je le ferai avec tout mon cœur, entre 8h30 et 16h30, si possible!

Avez-vous déjà ressenti la pression de choisir entre votre travail et votre famille?

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