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Juste des filles
Crédit: Pexels/Josh Willink

Ai-je échoué ma famille? C’est parfois l’impression qu’on me donne en tout cas. Pourquoi, me demandez-vous? Parce que nous avons trois enfants du même sexe. Trois filles et c’est tout. « Juste » des filles. Non non, pas de quatrième en vue. Donc, plus aucune chance pour nous de mettre au monde un garçon, un fils, un héritier. Personne pour assurer notre descendance.

 

« Trois filles, ton chum doit être déçu ? » D’avoir trois enfants, brillantes, belles et en santé? Un grand drame. « Ça ne vous tente pas de vous essayer pour un gars ? » Eh bien de un, madame à l’épicerie, notre famille est terminée et de deux, admettons que même si c’était notre plus grand désir, biologiquement parlant, on ne peut pas faire grand-chose pour prévoir ça. « Oh mon Dieu, pauvre papa ! » Sans commentaires.

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Des remarques comme celles-là, tout le monde y passe ; la famille, des connaissances, des inconnus, des collègues, ma dentiste. Vous pensez que j’exagère? Lorsque nous avons annoncé que notre troisième enfant était à 95% une fille selon l’échographie, quelqu’un nous a dit : « Je m’accroche au 5 % qu’il reste haha ».

 

J’essaie d’en rire la plupart du temps, mais honnêtement, j’en ai ma claque de recevoir ce genre de commentaire. J’en ai assez que des gens, familiers ou inconnus, invalident d’une certaine manière mon format familial. Parce qu’au-delà des stéréotypes de la famille idéale, il y a aussi l’envers du décor. Nos problèmes de fertilité, les trois fausses couches que nous avons traversées, en particulier celle où je portais un garçon. Donc, sans le savoir, recevoir ce genre commentaires est doublement blessant. Ça me donne l’impression de constamment devoir valider ma famille et ça nous ramène irréfutablement aussi à la perte de notre fils.

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Moi, quand je regarde ma fiche familiale, je n’y vois pas de pièce manquante. J’y vois un trio gagnant. Je me remémore tout le chemin parcouru pour parvenir à créer notre petite sororité. J’y vois des sœurs, des complices, de futures grandes amies, fortes, qui s’épaulent, qui se comprennent. Et j’espère de tout cœur que peu importe où la vie les mènera, elles sauront toujours se ramener l’une à l’autre. Elles sont encore trop jeunes pour en saisir l’ampleur, mais s’avoir est une richesse inestimable.

 

Donc, non, pas de garçon. Et alors?  

 

 

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