Aussi merveilleuse et gratifiante soit elle, la maternité comporte aussi son lot de dualités. C'est comme s'il n'y a jamais d’endroit qui soit vraiment confortable ou idéal. Toujours dans le passé ou à appréhender le futur. Jamais trop trop ici entre mes quatre murs à profiter de ces instants (un jour regrettés). Toujours en train de valser entre l’intense besoin que mon enfant s'endorme pour me retrouver et la culpabilité d’avoir voulu trop vite le déposer et de maintenant m’ennuyer.

Être heureuse qu'il dorme enfin, mais sortir mon iPhone pour regarder des photos de lui. De toujours osciller entre avoir confiance en mon instinct de maman et soudainement douter de chacune des fois où je lève un doigt. Vouloir arrêter le temps parce que ça défile trop vite et, à d’autres moments, souhaiter que mon bébé ait atteint ses 25 ans pour me retrouver avec moi-même. Parfois regretter ma vie d’avant et la seconde suivante (l’âme remplie de culpabilité), me rappeler à quel point je suis choyée que mon enfant soit né et en pleine santé. C’est vouloir se coucher tard pour en profiter avec papa ou les amis, mais s’en vouloir le lendemain pour ce dernier martini.

La maternité, pour moi, c’est aussi avoir peur d’être jugée, mais ne pas pouvoir m’empêcher de parfois juger quand même. C’est vouloir être parfaite alors qu’aspirer à un tel objectif, c’est filer tout droit vers la dépression, la détresse. C’est d’être forte dans mes faiblesses, patiente dans mon irritabilité, solide dans ma fragilité, avoir l’air cohérente quand je me sens désorganisée, bienveillante envers mes trop grandes attentes. C’est vouloir offrir à mon enfant un modèle de confiance en soi et de beauté positive, mais me trouver pas mal bof avec ce ventre mou et cette petite porte par laquelle ma fille est arrivée sous mon nombril.

C’est aspirer à être douce envers moi-même alors que d’un autre côté, ma tête me crie que je n’en fais pas assez. Vouloir une maison propre, mais à la première seconde de temps libre, m’échouer sur le divan telle une épave pour faire défiler les dernières actualités de mes réseaux sociaux. Écouter mon cœur et contredire ma raison ou vice-versa.

Une autre des dualités de la maternité, possiblement la plus difficile pour moi, c’est de rester une bonne amoureuse, désirée/désireuse, mais que finalement, quand vient 21h, tout se met en veilleuse. C’est vouloir exceller dans tout, tout le temps, mais avoir le sentiment d’échouer lamentablement.

La maternité, c’est probablement la plus belle chose que j’aurai vécue, mais assurément la plus difficile aussi. Probablement qu’une fois que j’aurai accepté toutes ces dualités, je pourrai mieux cheminer dans toutes les contradictions de ma parentalité.

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