À toi, magnifique infirmière du CHUM qui a croisé mon chemin en ce samedi matin du 29 juin 2019. Je te rends hommage, car chaque femme qui accouche mérite d’avoir une infirmière comme toi à ses côtés. Je te rends hommage, car tu es arrivée en ce dernier samedi matin de juin un peu trop heureuse et souriante pour que tu sois affectée à une fille qui avait des contractions aux cinq minutes et qui avait envie de sauter dans le toupet de tes consœurs qui finissaient leur quart. Qui a envie d’être au travail un samedi matin? Toi, tu es arrivée comme si tu n’avais pas envie d’être ailleurs qu’ici, pourtant il devait faire beau en ce samedi matin. Moi, je n’en sais rien de la température de cette journée, car je suis arrivée à l’hôpital vers 5h am.

Tu as fait les présentations formelles, ce qu’on vous apprend à l’école, et je savais que tu étais LA personne qui me fallait. Tu as lu mon dossier et pour être rassurante, j’imagine, tu m’as confié que tu étais maman de grands jumeaux. Je dis grands, car ce sont des adultes. Tu étais ma personne de confiance puisque tu savais tout ce qui m’attendait ou presque alors que moi, je n’en avais aucune idée. Tu étais d’un calme olympien, comme si tu avais fait ça toute ta vie; clairement, tu en avais vu d’autres avant moi! Je sentais que le lien de confiance était de plus en plus fort entre nous. 

Tu étais avec moi lorsque j’ai mis mes deux parfaits au monde. Tu es restée avec moi même quand ç'a commencé à se compliquer. Tu as massé, massé et encore massé et tu as travaillé main dans la main avec la docteure pour arrêter l’hémorragie et sauver mon utérus. Tu étais encore là quand je suis revenue à moi après ma visite non planifiée au pays des rêves. Tu m’as accompagnée au bloc alors que ton quart de travail était sur le point de se terminer et que tu avais une tonne de paperasse à remplir. 

Alors que je n’étais plus ta patiente et que tu étais sur un temps supplémentaire de soir, tu es montée me voir aux soins intensifs. La mauvaise nouvelle s’était rendue jusqu’à toi! Elles n’avaient rien pu faire pour sauver mon utérus!  Il avait été déchiré quand elles ont dû décoller mon placenta. Tu es venue prendre de mes nouvelles, me raconter une parcelle de ta vie en tant que maman de jumeaux et infirmière. Tu as versé des larmes avec moi. Tu m’as parlé d’eux, tu m’as dit que tu avais été les voir en néonat. Mes parfaits que je n’avais pas encore eu le temps de prendre et de voir plus de 5 minutes, le temps du peau à peau. Tout ce que j’ai pu voir d’eux, c’est qu’ils étaient magnifiques et parfaits. Tu m’as rassurée, m’as dit qu’ils allaient bien, qu’ils étaient aussi forts que leur maman, que je n’avais pas à m’inquiéter.

Tu as fait tout ça alors que rien ne t’y obligeait, je n’étais même plus sur l’étage d’obstétrique. Tu as fait ça avec ton cœur, tu as posé ces gestes avec toute la sincérité du monde. Tu m’as fait comprendre que pour toi ce n’était pas un travail, mais une vocation. Tu as, cette soirée-là, dépassé de ton cadre professionnel. Tu n’étais plus une infirmière en salle d’accouchement, tu étais une femme qui sympathisait avec une autre femme qui venait de perdre un morceau d’elle. Tu étais humaine, maman et infirmière à la fois. Tu as fait ce que beaucoup d’autres n’auraient probablement pas fait.

Chère infirmière qui travaillait en ce samedi matin de juin, j’espère que tu vas te reconnaître et que tu ne m’en voudras pas d’avoir oublié ton nom. Je veux que tu saches que toutes les mamans méritent une infirmière au grand cœur comme toi à leurs côtés. Tu es un pilier qui garde son calme même dans les situations les plus difficiles. On doit te l’avoir dit à plusieurs reprises, mais tu es réellement à ta place dans ton métier. Mille mercis! 

- Lisa

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