« …les corps des deux jeunes filles ont été retrouvés inanimés…le père devient le principal suspect » Cette phrase insupportable provient du poste de radio.

Je baisse les yeux. Puis les relève et croise le regard de mon fils. Mon beau grand de 13 ans qui fait doucement son ascension vers la vie adulte. Son regard de désarroi. D’incompréhension. De consternation. Regard qui me supplie de le rassurer, de lui dire que de telles horreurs n’existent pas.

Depuis qu’ils sont petits, j’ai toujours pris le pari de la vérité avec mes enfants. En omettant parfois volontairement certains détails qui, je le jugeais, ne pouvaient pas être bien compris ou assimilés. Il ne faut pas faire de nos jeunes des ignares, ni les élever au « pays des licornes », mais parfois, certaines informations trop crues ou troublantes ne sont pas nécessaires à transmettre à un (trop) jeune âge.

Mais maintenant, à l’adolescence, ces omissions ne sont plus toujours souhaitées ou nécessaires. Je crois que mon rôle est de faire d’eux de futurs adultes équilibrés. Informés. Sensibles. Émotionnellement responsables. Il faut qu’ils captent toutes ces dimensions de la vie, celles douces comme celles horribles, afin de s’outiller pour y faire face. Et apprendre à prendre les bonnes décisions, le cas échéant.

C’est donc dans ce contexte que j’ai répondu « oui » lorsque mon fils m’a demandé : « Maman, est-ce que c’est vrai qu’un parent arrive à faire ça à ses propres enfants? » Ma tête a répondu à l’affirmative, mais mon cœur avait envie de hurler que c’était faux. De le protéger en le gardant dans ces bribes d’enfance qui subsistent. De l’épargner de ces réalités qui nous heurtent fortement, même lorsqu’on est adultes.

Mais j’ai plutôt tenté d’être à nouveau ce phare qui le guide. Je lui ai expliqué ce qui – généralement – pouvait porter un parent à agir ainsi. Mais j’ai surtout misé sur les pistes de solution, sur l’aide disponible, sur la permission d’être dépassé, triste, dépourvu… même pour un adulte. Même pour un homme.

En souhaitant qu’il en devienne un « grand » qui fera tout pour son bien. Et celui de ses proches.