Je n’étais pas certaine de vouloir écrire ce texte, mais je sens que je dois le faire pour moi, pour elles. En 2011, j’occupais un emploi étudiant dans une pharmacie, j’avais 17 ans. Au cours de l’été, j’ai été appelée à remplacer divers postes, dont celui de commis d’entrepôt. Une de mes tâches était de recevoir les commandes de marchandise par la porte d’extérieure de l’entrepôt. C’était un nouveau livreur. « T’es une p’tite nouvelle toi! T’es ben trop belle pour faire ça. ». Mal à l’aise, j’ai répondu que j’étais plus forte que j’en avais l’air. Il a ri.

Crédit:Crédits : Engin Akyurt/Pexels

Il a commencé à me donner les caisses. Il était très près de moi. À plusieurs reprises, il m’a tapé les fesses avec des objets. « Oups » qu’il disait en riant. Au moment de vérifier la commande, il m’a arraché mes feuilles pour le « faire lui-même ». Une excuse pour entrer dans l’entrepôt. Pour passer derrière moi, il m’a empoignée par les hanches, m’a pressée contre lui pour coller mon corps contre son sexe. J’étais pétrifiée, incapable de bouger. Il a fait semblant de vérifier les caisses et a refait la même chose pour revenir à son camion. J’étais isolée. Personne ne pouvait voir ou entendre. Il s’est approché pour déposer mes feuilles à côté de moi. Je ne bougeais pas. Il m’a pris par la taille, m’a tiré vers lui et a essayé de m’embrasser. J’ai esquivé et je suis partie dans la pharmacie.

J’ai refermé et barré la porte derrière moi en tremblant. Je n’ai pas pleuré. Je suis resté plusieurs minutes à fixer le vide. J’étais seule. Une collègue m’a vue et m’a demandé si ça allait. J’ai répondu : « Non, c’était vraiment bizarre », en essayant de comprendre ce qui m’était arrivé. J’ai apporté la commande de médicaments au laboratoire. J’ai répété machinalement aux techniciennes la même chose. « De quoi? La commande est-tu correcte? » que j’ai eu comme réponse. J’ai dit « oui, oui » et je suis partie aux toilettes pour me ressaisir.

 

Crédit:Crédits : Keenan Constance/Pexels

J’ai essayé de travailler, mais je n’arrivais pas à me concentrer. Un peu avant la fin de mon quart, je me suis enfermée dans le bureau pour écrire une lettre à mon patron. Je tremblais et je pleurais en essayant de décrire les événements sans trop entrer dans les détails parce que j’avais honte. J’étais gênée de m’être laissée faire, de ne pas m’être défendue. Je n’avais rien fait pour l’empêcher de me toucher. J’avais peur. J’étais seule. Cependant, j’étais absolument certaine d’une chose. C’est que je n’avais jamais dit « oui ». JAMAIS. Je ne l’avais pas dit verbalement, ni avec mon comportement, ni avec mes vêtements, ni avec mon maquillage, ni avec mon attitude. Il ne l’avait pas demandé et d’aucune façon, je n’avais donné mon consentement.

Dans la partie 2, je vous raconte l’impact de cette agression dans mon rôle de mère.