Je suis enceinte. Depuis maintenant près de 12 semaines, un petit être s’est créé un nid douillet dans mon ventre qui commence tranquillement à s’arrondir pour l’accommoder. Cette grossesse, je l’ai tellement souhaitée. J’aurais même voulu qu’elle arrive plus tôt, mais avec la pandémie, nos plans ont été retardés de quelques mois. Pas grave, maintenant, la seule chose qui m’importe, c’est mon petit bébé en formation.

Littéralement, c’est la seule chose qui m’importe. Je ne sais pas si c’est l’effet des hormones, de la pandémie, des mois de confinement à la maison sans voir personne ou presque, ou une combinaison de tous ces facteurs, mais la seule chose qui m’intéresse, c’est ce qui se passe dans mon ventre.

Pourtant, je suis habituellement une personne engagée. J’aime me tenir informée sur les enjeux sociaux et l’actualité et je me fâche devant les injustices et les inégalités ; mais plus maintenant. Je me sens mal, mais juste un peu, pas tant que ça non plus. Je me sens tellement loin des problèmes à grande échelle. J’ai mon petit projet à échelle très micro, dans mon bedon, et tout le reste me semble tellement, tellement loin.

Même mon travail, que j’aime habituellement, ne m’apporte plus la même satisfaction. Je me remets en question et je questionne aussi ma carrière, mes choix professionnels. Je me demande si ce que je fais a réellement un impact, si c’est ce que je veux pour la suite, ou si je veux trouver un emploi qui correspond mieux à mes valeurs. Ou peut-être que je devrais lancer mon propre projet ? Ça fait un moment que j’y pense, j’ai même une idée assez potable (je crois), mais je suis tellement fatiguée (merci les hormones !) que j’ai bien de la difficulté à faire ce qu’il faudrait pour lancer le tout sur la voie de la réalisation.

Alors je procrastine, la tête dans les nuages, à imaginer comment ma vie pourrait être différente. À penser aussi à la chambre du bébé que j’ai tellement hâte de décorer. À ses petits pieds, qui doivent déjà bouger. Je pense à ce que je vais manger pour combler le prochain craving qui se pointera assurément d’une minute à l’autre. Je pense à la tête de mon conjoint lors de la première échographie et mes yeux se remplissent d’eau à nouveau. Je pense à notre famille ; eh oui, nous sommes une famille en construction. Je pense que c’est convenu de dire que c’est à la fois excitant et effrayant, mais pour être complètement honnête, à part espérer que notre bébé soit en santé, je n’ai aucune crainte. Je sais que tout ira bien pour nous.

Alors, à côté de ça, la guerre, la pandémie et tous les malheurs du monde, ils ne font pas le poids. Bref, tout le laid devra attendre, j’ai un trop-plein de beau dans la tête… et dans le ventre.

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