Ces dernières semaines, j’aurais payé cher pour avoir une machine à voyager dans le temps. Une espèce de laissez-passer pour un aller-retour en 2035. Je me serais installée à la table avec mon garçon, qui serait alors âgé de 16 ans, et j’aurais eu une discussion avec lui sur ce qu’il aurait envie que je fasse aujourd’hui. Il aurait pu me dire s’il est d’accord qu’on procède ou pas, me donner son point de vue... son consentement. Bref, il aurait pu prendre sa propre décision.

Or, la réalité est que ça n’existe pas, les machines à voyager dans le temps. Nous avons dû, papa et moi, nous asseoir avec les professionnels de la santé et essayer de peser les pour et les contre de l’intervention. Nous avons pris une décision pour notre bébé d’un an et demi. Et nous avons choisi de le faire opérer.

Ce que nous avons trouvé le plus difficile dans tout le processus de notre réflexion, c’est que cette chirurgie était facultative, elle n’était pas essentielle à sa santé. Le choix aurait été évident et si simple si on parlait d’opérer pour une question de santé. Mais non, il s’agissait d’une opération essentiellement esthétique. Notre bébé est né avec un léger hypospadias, une petite malformation du pénis. Après une réflexion guidée par les médecins, les expériences d’autres mamans passées par là et nos lectures, nous avons opté pour la chirurgie. Il semble que l’intervention soit plus facile en bas âge. L’urologue pédiatrique rencontré a aussi fait valoir que la correction serait bénéfique pour l’estime personnelle de notre garçon. Ce sont deux éléments importants de notre décision.

J’écris ces lignes au moment même où nous sommes assis dans la salle d’attente pendant que notre petit trésor est en salle d’op. En ce moment même, le doute m’habite encore. Ai-je bien fait de choisir de corriger le petit défaut, qui n'est au final qu’une particularité de son unicité? Est-ce que nous avons pris la bonne décision? Est-ce que mon garçon aurait bien vécu sa différence? Aurait-il été préférable de laisser notre fils choisir par lui-même?

Toutes ces questions m’habitent. Mon cœur de maman est chagriné d’avoir imposé cette chirurgie à mon bébé. Nous avons pris cette décision pour lui, en pensant que c’était la meilleure chose pour son bien-être à long terme. Seul l’avenir me dira s’il est en accord avec notre choix ou non.