Les Fêtes approchent et ce sera encore une autre année sans ma grand-maman. Elle avait le don de nous faire rire et de mettre de la joie dans nos rassemblements. Cette femme-là était tout un personnage. Drôle, passionnée, bonne vivante, coquette, drama-queen, hors norme et surtout, célibataire endurcie. Je me souviens d'elle comme de La Dame super cool de son HLM pour personnes âgées, qui aimait promener son petit chien dans le parc du Plateau Mont-Royal, qui avait des amis au Village et qui aimait aller chez Mado.

Elle fait partie de ces battantes qui n’ont pas eu froid aux yeux pour utiliser les médias de l’époque afin de dénoncer le gouvernement en place dans mon pays natal. Elle a élevé ses enfants seule dans un pays dans lequel elle ne connaissait pas la langue. Même en tant qu’immigrante ici, elle a été très impliquée dans le milieu de la radio, de la télévision et du théâtre. Elle était une défenderesse de la langue française, qu'elle parlait avec un gros accent.

Crédit:Karina Zeballos, Facebook

Des fois, je parle d’elle à mes enfants. Mon aînée, qui est adulte maintenant, parle souvent à ses petites sœurs de leur arrière-grand-mère. Je leur montre des photos et je leur raconte des anecdotes d’elle. Les gros yeux ronds de mes petites curieuses me confirment qu’elles sont intriguées par cette dame. Je leur parle des personnages qu’elle a incarnés au théâtre et des marionnettes qu’elle manipulait pour une émission de télévision d’ici pour les enfants hispanophones. Je leur dis qu’elle adorait écrire des poèmes et écouter de l'opéra. Je leur raconte que malgré qu’elle n’eût même pas fini le primaire, elle a appris le français et l’italien, qu’elle parlait parfaitement d’ailleurs. Ma grand-maman a même joué dans Les Belles-Sœurs version italienne.

Crédit:Karina Zeballos, Facebook

Je vois que les gènes de ma grand-maman existent à travers les talents artistiques de tous mes enfants. Lorsque je les vois jouer aux marionnettes, créer, peindre, composer, danser, chanter, et cetera; c’est ma abuela que je vois et je ne peux m’empêcher de sourire. Elle existe aussi à travers mon dada pour le théâtre, la danse, l’opéra et l’écriture. Elle disait; « Tant qu’on se souvient de quelqu’un; on ne meurt pas ». Ma abuela vit encore.

Est-ce que la mémoire de  vos grands-parents décédés continue d’exister?