Treize mois et plus de cartons pour souligner les mois qui passent. On est ailleurs, y’a pas de doute, quoiqu’il y a longtemps que je t’ai gardée contre moi d’aussi longues minutes pour t’amener au sommeil. Ça m’aura pris 13 mois pour rédiger cette fameuse lettre dans ton journal de naissance. Plus d’un an pour trouver les mots, et tu sais quoi, je ne suis même pas certaine de les avoir réellement trouvés.

Tout ce temps, car c’est comme si avant, mon esprit était ombragé par un trop-plein d’émotions que je n’arrivais pas à maîtriser, à comprendre, à apaiser. Comme si j’errais dans la vie, à ne répondre qu’à tes besoins, mais délaissant les miens, ne trouvant plus mon chemin. On ne peut pas faire fi non plus du fait que ta première année de vie s’est écoulée en pleine pandémie. En fait, mon esprit s’est éclairci alors que tu avais environ huit mois, quand je me suis remise à penser à moi. C’est à ce moment que je me suis sentie atterrir dans notre vie, à avoir du plaisir, à apprécier te voir grandir, à te rejoindre dans tes rires, à te laisser t’abandonner dans mes bras. Il était temps maman, me diras-tu. Oui ma poulette, il était temps, mais maman en avait besoin, de ce temps.

Maman avait besoin de ce temps pour apprivoiser ce rôle plus grand que tout ce qu’elle avait connu auparavant. Maman avait besoin de souffler, mais n'avait pas l’espace pour le faire. Maman avait besoin de temps pour trouver sa place dans la maternité, pour dessiner sa façon bien à elle de s’acquitter de cette tâche colossale. Maman avait besoin de soutien, que quelqu’un lui tienne la main pour survivre au quotidien.

Treize mois ont passé depuis que tu es arrivée dans ce grand monde. Que nos vies ont été chamboulées de la plus belle et percutante des façons. Ma grande poule, maintenant que tu as 13 mois, je peux dire sans aucun doute à quel point c’est extraordinaire et un immense privilège d’être ta maman. À ta naissance, ça n’a pas été le coup de foudre, je l’admets un peu timidement, mais plutôt un coup de pelle qui m’a frappée de plein fouet. Mon amour s’est tissé au gré des doux (et moins doux) moments d’allaitement, des siestes collées, des moments de portage et même des crises aussi.

Tu grandis tellement vite, tu accumules les exploits et fais craquer mon cœur, qui fait plus mal, chaque fois. Dire qu’à tes premiers mois, on te décrivait comme douce, sereine et zen. Aujourd’hui, mon bébé, tu es vive, explosive, expressive et la douceur n’est là qu’à tes heures. Comme quand on partage encore ces doux moments rien qu’à nous, juste nous deux, ce lien si précieux. Tu n’as pas de demi-mesure et tu valses à toute allure entre grands élans d’indépendance et besoins forts d’être rassurée, collée serrée.

Mais tu sais quoi, mon bébé? Elle est belle ton intensité, il est énergisant ton besoin de bouger et c’est émouvant de voir ta déjà-grande envie de communiquer! Avec tes airs fiers et tes petits pas décidés, il est devenu clair que ta personnalité, tu ne l’as pas prise à côté et que tu m’en feras sûrement voir de toutes les couleurs.

Mais sache, mon bébé, qu’il n’y a pas plus grande motivation à m’améliorer que toi. Que la vie ne pouvait pas mettre sur mon chemin une meilleure enseignante que toi. Parce que dans tes tempêtes, tu auras besoin que je t’accueille, que je contienne l’intensité, sans m’emporter avec toi. Tu auras besoin que je sois ton guide qui te tient la main dans les temps incertains. Qui te rassurera même quand moi aussi j’aurai peur.  Et je serai là, fidèle au poste. Pour toujours, à faire du mieux que je peux pour être un modèle dont tu seras fière et sur lequel tu pourras toujours te déposer en toute sécurité.

C’est le dernier mois que je soulignerai mon bébé. Continue de pétiller comme tu le fais spontanément chaque jour et maman, elle, va aller regarder des photos de toi pour ne jamais oublier comme le temps passe.

Ta maman qui t’aime à la folie!