Mon petit bébé, mon trésor. Tu viens d’avoir deux ans. J’ai le souvenir encore très clair du jour où j’ai appris que tu étais là, dans ma bedaine. J’étais folle de joie, même si la surprise était grande et inattendue. Mon petit trésor, sache que tu es la plus grande surprise de ma vie. Je savais déjà depuis quelques semaines que j’étais enceinte, mais je ne savais pas que vous étiez deux à cohabiter dans ma bedaine ton frère, et toi.
Je t’écris aujourd’hui, à toi spécialement mon bébé, parce que j’ai envie de te raconter notre petite histoire d’amour. Notre histoire d’attachement qui n’est pas comme les autres. Rapidement après avoir découvert ton existence, j’ai appris que tu n’avais pas les meilleures conditions pour grandir. Le hasard a fait en sorte que ton frère avait une grande partie du placenta, donc tu t’es retrouvé désavantagé. Ton cordon était aussi indirectement connecté, ce qui te compliquait un peu la vie pour bien te nourrir et t’approvisionner en oxygène.
Le médecin spécialiste responsable de ma grossesse en clinique GARE m’avait aussi informé de tous les risques existants pour ta croissance et ta survie, car tu avais plusieurs conditions à risque. Tu avais aussi un retard de croissance sévère. On m’a même mentionné qu’il était possible, en cours de grossesse, qu’on aborde la question de sélection… C’est-à-dire te sacrifier pour assurer le bon développement et la survie de ton jumeau. Bref, tout pour transformer mon court conte de fées de grossesse merveilleuse en une grossesse ou l’angoisse était omniprésente.
J’étais enceinte de 16 semaines à ce moment-là. J’ai pleuré tous les jours du reste de ma grossesse. Ce n’est pas facile à avouer, mais pour me protéger, je n’osais pas trop m’attacher à toi. Le jour de ta naissance, tout juste avant que tu viennes au monde, j’ai demandé à ton papa de choisir ton prénom. Il était temps. Peut-être qu’inconsciemment, tarder à te trouver un prénom me permettait d’atténuer ton existence.
Vous êtes venu au monde, ton frère et toi, à 32 semaines de grossesse. Même si à ce moment-là, tous les pires scénarios étaient maintenant écartés, j’avais conservé une réserve à m’attacher. Tu étais un minuscule petit bébé, si vulnérable, mais si fort et courageux à la fois. J’ignorais ce qui nous attendait dans notre long parcours en néonatalogie, qui fut finalement parsemé de hauts et de bas et durant lequel nous avons commencé à nous apprivoiser.
Mon attachement s’est construit à partir de ta naissance, une toute petite brique à la fois. Maintenant que tu as deux ans, je me rends compte que malgré le fait que notre attachement ait pris du temps à se bâtir, malgré toutes les peurs qui ont marqué le début de ton existence, mon amour envers toi est sans limites. J’ai le cœur rempli de fierté lorsque je pense à notre lien qui est maintenant puissant. Tu es un adorable petit garçon plein d’énergie, enjoué et qui s’adapte bien. Nous avons une belle complicité et beaucoup de plaisir ensemble. Mon plus grand souhait maintenant, c’est que notre belle relation continue de grandir au fil du temps et que notre lien soit aussi fort et grand que l’amour que je ressens pour toi.
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